
Ce mardi 24 janvier 2017, le groupe Vivarte (habillement et chaussures) vient d’annoncer la cession des magasins de chaussures André (135 boutiques, 786 salariés) de la marque de mode Naf Naf et la fermeture de 147 magasins la Halle aux chaussures (730 salariés menacés). Certains responsables politiques commencent à pleurer des larmes de crocodiles et la presse souligne les « erreurs stratégiques » du groupe. Or, plus qu’une entreprise, Vivarte est un cas d’école. L’histoire de Vivarte permet de comprendre comment les financiers mettent à sac une entreprise. En quinze ans, fonds vautours et banquiers ont amassé une fortune sur le dos de Vivarte. Pendant ce temps, les 20 000 salariés travaillent dans des conditions déplorables. Les contribuables trinquent, eux aussi, sans le savoir… Terrains de luttes rediffuse ici un article paru sur le site en 2015… Et déjà, Vivarte…
(...) Les sales méthodes des fonds vautours
Ce type d’actionnaires traîne dans son sillage une réputation sulfureuse. Les médias les surnomment parfois « fonds vautours », quand les professionnels de la finance préfèrent l’appellation anglo-saxonne plus neutre de « fonds distressed » (comme « distressed debt », c’est-à-dire dette dépréciée). Ces prédateurs sont spécialisés dans le rachat de dette d’entreprises en difficultés, une activité juteuse dès lors que l’on dispose d’une mise de départ conséquente. L’objectif est simple. Ils repèrent une entreprise potentiellement rentable mais dont l’endettement menace le bon fonctionnement, et rachètent sa dette à bas prix. Ensuite, ils s’invitent à la table des négociations aux côtés des autres créanciers. Objectif : convertir leurs créances en capital de l’entreprise (c’est-à-dire abandonner une partie de leur créances contre des actions de la société), afin d’en prendre le contrôle, et revendre leur participation au prix fort quelques années plus tard… (...)
Le PDG d’une grosse boite française, qui a eu affaire à l’un de ces fonds il y a quelques années, décrit le mécanisme de l’intérieur : « En général, ils opèrent dans l’ombre. Un beau matin, j’ai découvert que l’une de mes banques avait revendu une partie de la dette de mon groupe à un fonds vautour. Elle l’avait cédée en « sous participation », une technique qui permet à l’acheteur de demeurer masqué. Une fois que les fonds vautours ont racheté suffisamment de dette pour être en position de force, ils exigent de la direction de l’entreprise le remboursement total des créances. Comme l’entreprise n’a généralement pas les moyens de le faire, elle est contrainte d’accepter la conversion de la dette en capital. » Dès qu’ils ont pris les rênes de l’entreprise, les fonds vautours s’emploient à faire remonter du cash, par tous les moyens. « Une grosse entreprise, même endettée, dispose toujours d’actifs, souligne le PDG. Cela peut être des brevets, de mètres carrés de magasins, n’importe quoi. S’il faut revendre l’entreprise par morceaux et licencier 1 000 personnes, ils le feront. Ces gens là ne savent faire qu’une seule chose : compter. Et ils rentrent toujours dans leurs frais… » (...)