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ZAD : « Les gens ici sont en avance, ceux qui ont le pouvoir, l’argent et les armes sont en retard »
Article mis en ligne le 8 juin 2018
dernière modification le 7 juin 2018

Bénéficiant d’un certain répit, petit à petit la Zad se reconstruit. Quinze conventions d’occupation précaire ont été signées entre la préfecture et des occupants. 170 hectares sont pour le moment préservés d’un retour à l’agriculture conventionnelle. Entre maraîchage, nettoyage et reconstruction, les zadistes esquissent de nouveaux projets, notamment en matière d’habitat respectueux de l’environnement. Et ce, malgré les tracasseries policières et administratives. Reportage chez les résistants du bocage où l’été se prépare.

« Quinze projets ont été validés, et six projets restent en attente », résume Pauline, habitante de la Zad de Notre-dame-des-Landes. Elle est venue assister, comme de nombreux habitants de la Zad, à la signature de ces conventions d’occupation précaires devant la préfecture. 170 hectares sont pour le moment « sauvés », soulageant pour un temps ceux et celles qui bataillent depuis deux mois contre les expulsions, malgré les violences policières. Pour autant, personne ne crie victoire. Une signature collective, pour l’ensemble des projets, n’a pas été acceptée.

« On sait que les mêmes peuvent décider, du jour au lendemain, de reprendre les expulsions », glisse Pauline. La préfecture incarne aussi l’autorité qui a permis aux forces de l’ordre d’utiliser massivement des grenades qui ont entrainé de nombreux blessés, dont un très grave, Maxime, qui s’est fait arracher la main par une grenade le 22 mai dernier.

Conflits fonciers avec les anciens propriétaires (...)

Parmi les six projets encore en attente de validation, deux sont jugés trop peu avancés par la Préfecture. Pour rattraper ce retard, un chantier solidaire a donc été organisé les 2 et 3 juin à la Grée, où doit s’installer un élevage d’escargots. Pour le second projet, une ferme auberge, « c’est un peu plus compliqué : une partie de la maison où devait s’installer la ferme auberge a été détruite pendant l’opération policière », explique Pauline. Opérations policières et destructions à répétition ne constituent pas forcément un climat idéal pour construire et expérimenter des alternatives...

Les quatre projets restants font l’objet de conflits avec les anciens propriétaires, qui ont vendu leurs terres au profit du projet d’aéroport mais souhaitent désormais les récupérer. (...)

la Zad se fond difficilement dans le cadre très individualiste que l’État souhaite imposer. En insistant, par un montage complexe, sur la dimension collective des projets, les occupants entendent aussi les protéger de la destruction. (...)

Pour le moment, tous semblent à l’abri d’une expulsion, même les projets non agricoles : atelier mécanique, bibliothèque, menuiserie, forge. « La préfecture nous a conseillé de nous rapprocher d’autres instances telles que la chambre des métiers », explique Pauline. De nouveaux travaux administratifs attendent donc les zadistes. « Nous sommes en phase de légalisation, constate Youca, avec une pointe d’accablement. On ne sait pas trop où va nous mener cette stratégie administrative. »

Des parcelles agricoles infestées de... grenades (...)

Les occupants devraient être fixés fin octobre, sachant que l’État planche actuellement sur la rétrocession des terres de la Zad, notamment au conseil général. Celui-ci pourrait mettre en concurrence agriculteurs conventionnels – souvent adeptes de l’agrandissement d’exploitations déjà importantes et utilisateurs de pesticides – et zadistes. (...)