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« Zone à défendre » : le jeu collaboratif qui lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
Article mis en ligne le 29 juillet 2017

Les zadistes de Notre-Dame-des-Landes et des joueurs amis ont inventé un jeu de plateau aussi coopératif que militant. Le temps d’une partie, les joueurs usent de multiples moyens pour s’opposer à la construction de l’aéroport controversé.

« Clairement, le jeu est politisé », plaisante Robin, qui a participé à son élaboration. Le projet aura pris son temps : quatre années se sont écoulées depuis l’éclosion de l’idée d’un jeu de plateau sur la Zad. La faute à « une équipe éditoriale hardcore gamer qui ne voulait pas sortir un jeu dont elle n’en serait pas pleinement satisfaite », est-il expliqué sur le blog de ses créateurs. Depuis le financement Ulule, dont la collecte a encaissé 6.457 € sur les 5.000 espérés, le projet aura connu plusieurs maquettes. « La première version était trop dans l’affrontement entre zadistes et forces de l’ordre, se rappelle Robin, le jeu a évolué pour devenir plus coopératif. » Et plus coloré : plateau et jeu de cartes ont reçu les soins de deux dessinateurs, qui y ont apporté une touche humoristique pour détendre l’ambiance d’affrontement.

La coopération est le maître-mot entre camarades de lutte (...)

Seul ou en équipe, le joueur affronte les éléments « du système », comme le décrivent ses créateurs. La coopération est le maître-mot entre camarades de lutte pour organiser une défense efficace, que ce soit en cultivant des légumes pour nourrir les troupes ou en obtenant des soutiens, matériels ou moraux. Au programme : « monter une radio pirate », « construire une serre », « jet de fumier » ou « câlins »… Les cartes « compétences » proposent un éventail d’actions pour lutter contre l’aéroport. De son côté, le « système », qui avance ses pions automatiquement, pratique une stratégie d’étouffement : chaque affrontement contre les CRS accélère le « Tempo de Valls » et augmente la présence des forces de l’ordre au tour suivant.

Pour remporter la partie, les zadistes en herbe ne doivent pas éliminer les troupes adverses, mais accomplir un nombre suffisant de projets collectifs. En revanche, si plus de neuf cases sont mises en chantier, le bocage de Notre-Dame-des-Landes sera trop endommagé et la partie, perdue. « L’équilibrage a été difficile, nous ne sommes pas des professionnels, rappelle Robin. Nous avions tendance à gagner constamment à force d’y jouer et d’en connaître les rouages. »

Force est d’avouer que, quand la rédaction de Reporterre a ressorti le jeu pour une seconde partie, la tendance était plutôt à perdre sous le poids des bulldozers avant d’arracher la victoire de justesse.

Quant aux recettes de la vente du jeu - il coûte 29 € -, elles seront consacrées au soutien du mouvement de Notre-Dame-des-Landes et à celui d’autres Zad. Mais, cerise sur la barricade, une édition « Free to Print » en licence libre du jeu est disponible pour les porte-monnaie les plus légers.