
L‘impasse, puis la grève. Le conflit qui oppose la mairie RN d’Hénin-Beaumont, dirigée par Steeve Briois, à une partie du conseil d’administration de l’association qui gère le Théâtre L’Escapade, ainsi qu’aux artistes et metteurs en scène qui s’y produisent, est en train de virer au blocage. Ce jeudi 3 octobre, les comédiens ne monteront pas sur la scène pour jouer mais pour expliquer pourquoi ils ne jouent pas.
La veille, une rencontre avait pourtant réuni en fin de journée des membres du conseil d’administration de L’Escapade – dont son président, Jean-Luc Dubroecq – et des représentants du collectif des compagnies programmées sur la scène du théâtre. Ces derniers ont réitéré leurs demandes formulées la semaine précédente lors de l’ouverture de la saison : la signature d’une nouvelle convention entre la mairie et l’association qui garantisse une totale liberté de programmation, le retour du directeur, Jean-Yves Coffre, actuellement en arrêt maladie et sous la menace d’un licenciement par la mairie pour harcèlement moral (ce qu’il nie) ; et le recrutement de personnel technique pour faire fonctionner normalement le théâtre. (...)
Qualifiée de « cordiale » par les uns, de « stérile » par les autres, cette rencontre n’a en tout cas débouché sur aucun accord. Proche de l’équipe municipale, Jean-Luc Debroecq – qui ne ne nous a pas répondu – aurait accepté du bout des lèvres de solliciter un rendez-vous auprès de Steeve Briois pour renégocier la convention. « Sur le fond, nous n’avons obtenu aucune réponse de sa part, aucun engagement, il nous a au contraire fait comprendre qu’il n’irait pas dans notre sens. La discussion était fermée, explique Camille Candelier, représentante du collectif. Et sans directeur ni personnel technique, on ne peut pas prétendre vouloir gérer un théâtre en état de marche. » La comédienne, qui devait jouer ce soir L.O.L.A, un spectacle monté par sa compagnie – le collectif L’Intruse – a donc décidé d’y renoncer en rejoignant le mouvement de grève lancé par le syndicat CGT du spectacle. (...)
La crainte exprimée par les artistes est que la mairie ne profite de cette situation de blocage qu’elle a largement provoquée pour municipaliser le théâtre. C’en serait alors fini de plus de cinquante années d’indépendance de ce lieu phare de la culture à Hénin-Beaumont. La municipalité a beau nier toute intention d’en arriver là, ses dénégations ne sont guère crédibles. Et pour cause, la nouvelle convention signée en janvier dernier avec le président de L’Escapade, sans que ce dernier n’avertisse ni son conseil d’administration, ni son directeur, contient désormais une clause qui prévoit la possibilité de municipaliser le théâtre après seulement deux mois de préavis…
La mairie RN fait désormais face à un front uni des artistes et de tous les syndicats de salariés et d’employeurs du théâtre subventionné. Dans un communiqué diffusé le 2 octobre, le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) dénonce en effet « une reprise en main politique de L’Escapade par l’équipe municipale ». (...)
Et le principal syndicat d’employeurs du spectacle vivant de conclure : « Le service public de la culture est clairement remis en cause dans ce laboratoire culturel de l’extrême droite. »