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…à l’alternative à l’école
Article mis en ligne le 11 novembre 2014
dernière modification le 6 novembre 2014

Il y a aussi ces parents qui prennent la décision de faire l’école à la maison. D’affreux cathos qui conditionnent leurs mômes à longueur de journée ? Des contestataires un peu perchés qui rejettent tout ce qui vient de la société capitaliste ? Ou des parents jaloux de l’épanouissement de l’enfant à l’intérieur du cocon familial ? Quelques rencontres en Haute-Loire avec ces « autres » parents d’élèves .

Pom m’accueille dans une cuisine installée dans la grange. J’ai eu du mal à trouver, derrière le camion bariolé installé dans ce hameau du Livradois Forez. Elle prépare le repas et immédiatement m’indique qu’elle a accouché là, dans un bassin. Le ton est donné. Trois de ses filles sont à table et l’écoutent raconter son cheminement vers une instruction en famille car on se place du côté de l’institution si l’on parle de déscolarisation. Les mots sont importants.

Pom a tout revu dans sa vie à commencer par ses accouchements. Son métier aussi qu’elle a quitté pour vivre en camion. Cette infirmière urgentiste a cessé le travail au troisième enfant : « Je n’avais pas envie d’accoucher à l’hôpital. » Entendez sur son lieu de travail. Première naissance et renaissance aussi. Mais Pom a plutôt l’impression qu’on lui a indiqué la porte. « J’ai quitté ce métier car je devais remplir des dossiers pour justifier mon activité. On a théoriquement une heure pour allaiter sur le lieu de travail mais, à l’époque, on m’a fait comprendre que ce n’était pas compatible. » (...)

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…à l’alternative à l’école

11/06/2014
04:00
CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
Christophe Goby
Vue site web

Il y a aussi ces parents qui prennent la décision de faire l’école à la maison. D’affreux cathos qui conditionnent leurs mômes à longueur de journée ? Des contestataires un peu perchés qui rejettent tout ce qui vient de la société capitaliste ? Ou des parents jaloux de l’épanouissement de l’enfant à l’intérieur du cocon familial ? Quelques rencontres en Haute-Loire avec ces « autres » parents d’élèves .

Par Camille Burger. JPEG
Instruction à domicile

Pom m’accueille dans une cuisine installée dans la grange. J’ai eu du mal à trouver, derrière le camion bariolé installé dans ce hameau du Livradois Forez. Elle prépare le repas et immédiatement m’indique qu’elle a accouché là, dans un bassin. Le ton est donné. Trois de ses filles sont à table et l’écoutent raconter son cheminement vers une instruction en famille car on se place du côté de l’institution si l’on parle de déscolarisation. Les mots sont importants. Pom a tout revu dans sa vie à commencer par ses accouchements. Son métier aussi qu’elle a quitté pour vivre en camion. Cette infirmière urgentiste a cessé le travail au troisième enfant : « Je n’avais pas envie d’accoucher à l’hôpital. » Entendez sur son lieu de travail. Première naissance et renaissance aussi. Mais Pom a plutôt l’impression qu’on lui a indiqué la porte. « J’ai quitté ce métier car je devais remplir des dossiers pour justifier mon activité. On a théoriquement une heure pour allaiter sur le lieu de travail mais, à l’époque, on m’a fait comprendre que ce n’était pas compatible. »

Pom a cherché du soutien auprès de l’association Les Enfants D’Abord (LED’A). Aux rencontres de LED’A, « les enfants parlaient avec aisance aux adultes. Ils ne sont pas dans la compétition. » La rencontre avec l’association permet aux parents d’envisager ce que c’est que de vivre 24h/24 avec ses enfants. Faire l’instruction à la maison mais sans se couper du reste du monde, un pari difficile. Pom a multiplié les rencontres de familles qui le pratiquent : une manière aussi de s’affirmer face aux inspecteurs qui une fois l’an passent contrôler les familles. « Je n’agis pas contre le système, je ne prends pas les gens de front. Les inspecteurs méconnaissent trop souvent les choix pédagogiques alternatifs. » Pour les familles ce passage obligé est souvent source de stress. « Ils ne peuvent pas s’empêcher d’évaluer nos enfants ! »

Au risque de désocialisation, Pom répond : « Notre aînée a aujourd’hui 15 ans et demi et suit une section Arts appliqués au lycée. Elle est interne. C’est un grand écart qui a demandé quelques ajustements, mais globalement elle l’a fait avec aisance. Elle a alterné cours par correspondance et “unschooling”. A un moment donné, elle a souhaité rejoindre un cursus plus formel qui lui permettait de donner corps à ses projets. »

« J’ai construit une bulle sécurisée », avoue-t-elle, refusant pêle-mêle l’école de l’entreprise, de la compétition de tous contre tous, du fichage généralisé. Aujourd’hui, son militantisme est davantage orienté sur les droits des femmes : « Je milite au planning familial et trouve important que les enfants reçoivent une information sur la sexualité. Trop de violence naît de la domination d’un groupe sur les autres. Je vise l’équilibre. » Entre refus d’une société qui s’éloigne du vivant et désir d’accompagner ses enfants selon les valeurs qui sont les siennes, Pom s’affirme donc « unschoolée ». (...)