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Mediapart
À Toulouse, les jeunes migrants chassés de partout
#MNA #migrants #Toulouse #expulsions
Article mis en ligne le 8 mars 2024
dernière modification le 7 mars 2024

Plus d’une centaine de jeunes étrangers en attente de reconnaissance de leur minorité ont été expulsés le 23 février d’un squat occupé durant un an. Ils errent depuis d’hébergement en hébergement. Six d’entre eux ont été placés en rétention administrative.

Il n’est pas encore 9 heures, mercredi 6 mars 2023, Soumeyla, Ibrahim, Moussa et Nouri sont déjà posés sur un banc, à deux pas du palais de justice de Toulouse. Les quatre jeunes qui se partagent une mandarine ont passé « la nuit dehors », souffle Moussa à voix basse. Lui et ses camarades, originaires du Mali et de la Côte d’Ivoire, assurant être âgés respectivement de 15, 16, 17 et 15 ans, font partie de ces quelque 120 jeunes ballotés aux quatre coins de la ville depuis maintenant treize jours.

Une nouvelle illustration de la gestion erratique des mineurs non accompagnés (MNA) au sujet desquels les autorités françaises se renvoient la patate chaude, laissant ces jeunes, mineurs ou pas, tributaires des seuls ressorts de solidarité militante et associative. Dans une tribune publiée le 28 février sur Mediacités Toulouse, en soutien aux jeunes du collectif AutonoMIE, une quarantaine d’associations et d’organisations politiques ont dénoncé un État qui ne cesserait de durcir « la chasse aux mineurs isolés ». Né il y a un peu moins de dix ans (voir ici), AutonoMIE accompagne les jeunes migrants débarquant à Toulouse en tant que mineurs isolés. (...)

Au cœur de cette errance de deux semaines se trouvent exclusivement des garçons, majoritairement issus d’Afrique de l’Ouest mais aussi d’Asie centrale (Pakistan). Certains sont scolarisés, d’autres pas, et leurs situations diffèrent. « La grande majorité sont des jeunes qui ont déposé des recours, c’est-à-dire qu’ils font appel de la décision du procureur de ne pas les reconnaître mineurs et attendent de passer devant le juge des enfants », résume Fred (prénom d’emprunt), un militant en soutien du collectif AutonoMIE qui les accompagne depuis le début.

Une vingtaine sont arrivés très récemment et n’ont pas encore entamé de recours ; un petit nombre ont vu leur recours rejeté par le juge des enfants, mais peuvent faire appel et être placés par le juge des tutelles. Cinq ont été reconnus mineurs par le juge des enfants et attendent désormais leur placement.
OQTF et rétention administrative

Depuis vendredi et l’expulsion manu militari du gymnase de Saint-Sernin, un nouveau cas de figure s’est ajouté : ceux s’étant vu notifier une OQTF (obligation de quitter le territoire français) et placés en rétention ou assignés à résidence. Interpellés au moment de la sortie du gymnase, six jeunes ont aussitôt été conduits dans les locaux de la police de l’air et des frontières (PAF).

L’un d’entre eux a été relâché le soir même, les cinq autres ont reçu une OQTF assortie, selon nos informations, des mesures les plus dures : pas de délai de départ volontaire, mise en rétention et interdiction de retour sur le territoire français.

Dimanche soir, après deux nuits, ils sont sortis du centre de rétention administrative (CRA) de Cornebarrieu. « Mais ils ont été libérés simplement parce que le contrôle ayant conduit à leur interpellation a été jugé irrégulier par le JLD, c’est juste un vice de procédure », souligne Saskia Ducos-Mortreuil, avocate de l’un d’entre eux. Les cinq jeunes restent assignés à résidence et sous le coup d’une OQTF. (...)

Or, ces cinq jeunes sont toujours dans les clous du parcours de reconnaissance de minorité : trois sont en attente d’une convocation du juge des enfants, et deux, déjà passés en audience, attendent sa décision. (...)

Portant plainte contre X dans le cadre de l’occupation de l’église Sainte-Germaine, pourtant faite, selon le diocèse même, en « bonne entente » avec l’archevêque Guy de Kerimel et le curé de la paroisse, le maire (ex-Les Républicains) de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a fustigé dans un communiqué « ces clandestins – qui se font passer pour mineurs afin de toucher des allocations spécifiques [...] ». (...)