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Mediapart
Affaire Parmentier : de nouveaux documents mettent à mal la défense du RN
#CarolineParmentier #RN #extremedroite
Article mis en ligne le 4 juillet 2025
dernière modification le 2 juillet 2025

Un livre de 1996 et des archives de 2022 prouvent la fausseté des éléments de langage avancés dans les médias par l’état-major du parti d’extrême droite pour défendre Caroline Parmentier. Cette députée proche de Marine Le Pen a publié pendant trente ans des écrits racistes, antisémites et homophobes.

Le Rassemblement national (RN) s’embourbe dans l’affaire Caroline Parmentier, du nom de cette députée RN dont Mediapart a exhumé trois décennies d’écrits racistes, antisémites et homophobes dans le quotidien pétainiste Présent, pour lequel elle a travaillé jusqu’à fin 2018. Depuis dix jours, les principaux cadres du RN se relaient dans les médias pour faire bloc derrière cette figure du parti et amie intime de Marine Le Pen, qui l’avait débauchée en 2019 pour lui confier une (paradoxale) mission de « dédiabolisation » auprès des médias.

Deux éléments de langage sont aujourd’hui inlassablement avancés pour tenter d’éteindre la polémique : 1) les écrits de Caroline Parmentier étaient plus le reflet de la ligne politique de Présent que de la sienne ; 2) la députée du Pas-de-Calais a coupé les ponts avec son ancien journal en rejoignant le RN. Dans les deux cas, c’est faux, selon de nouveaux documents obtenus par Mediapart. (...)

un livre oublié, qu’elle a publié en 1996 sous le titre Journaliste (éditions Difralivre). On peut en effet y lire sous la plume de l’actuelle parlementaire : « Je travaille à Présent parce que j’y suis libre d’écrire exactement ce que je pense. » Ou : « C’est peu dire que je pense Présent, que je réagis Présent, que je respire Présent. Parce que, dès le départ et plus encore maintenant, je lui ressemble, nous nous ressemblons. »

Se décrivant en « osmose parfaite » avec le quotidien, dont elle sera la rédactrice en chef à partir de 2010, elle affirme également dans son livre : « À aucun moment, je ne me suis sentie désorientée, déracinée, exilée, étrangère aux idées, aux objectifs, aux idéaux de Présent. » « À Présent, nous apprenons à ne courber la tête devant personne. Sauf devant Dieu », écrira-t-elle encore. (...)

Caroline Parmentier a-t-elle vraiment pris ses distances avec Présent en rejoignant le RN en 2019 ? Les archives du quotidien montrent qu’il n’en est rien. En 2022, moins d’une semaine après sa victoire aux législatives, Caroline Parmentier donnait en effet un entretien à son ancien journal, qui annonçait ainsi l’événement en une de son édition du 25 juin : « Entretien avec Caroline Parmentier. De Présent à l’Assemblée nationale ».

Et pendant toute la campagne, Présent a soutenu son ancienne rédactrice en chef devenue l’une des plus proches stratèges de Marine Le Pen. Une figure du journal d’extrême droite, Francis Bergeron, célébrait ainsi dès le premier tour « l’incroyable percée du RN » dans un article au détour duquel il racontait que Caroline Parmentier lui livrait personnellement des résultats électoraux en direct… Ce qui met sensiblement à mal la thèse d’une rupture avec Présent. (...)

Contrairement à ce que Marine Le Pen a assuré le 19 juin lors d’une visite au Salon du Bourget pour désamorcer l’affaire Parmentier, Présent n’a donc pas toujours été un adversaire politique du RN – tant s’en faut.

Caroline Parmentier est précisément celle qui a multiplié les articles à partir de 2011 pour convertir petit à petit le journal et ses vieux lecteurs attachés à Jean-Marie Le Pen à la stratégie électorale de sa fille.

Dès 2013, Marine Le Pen donnait ainsi un entretien à Présent dans lequel elle louait la « liberté » du journal, qu’elle félicitait d’avoir su « rester fidèle à lui-même ». L’intervieweuse était une certaine Caroline Parmentier.

Sollicitée le 1er juillet par Mediapart, Caroline Parmentier n’a pas répondu. Mais elle a publié une heure plus tard un court texte sur le réseau X dans lequel, pour la première fois depuis quinze jours, elle affirme que « si certains écrits de [s]a carrière de journaliste à Présent ont pu heurter ou blesser, [elle] le regrette sincèrement », tout en dénonçant une « campagne de lynchage que Mediapart et le service public » mèneraient contre elle.

Évoquant un « procès en sorcellerie », Caroline Parmentier ajoute : « Je ne suis plus cette journaliste qui a débuté en 1987 dans un journal polémique dont je suivais la ligne éditoriale, mais dont les sujets d’intérêt et la tonalité ne sont plus les miens. »