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Mediapart
« Affaire Théo » : trois policiers devant les assises pour un procès emblématique
#violencespolicieres
Article mis en ligne le 9 janvier 2024
dernière modification le 8 janvier 2024

Sept ans après l’interpellation violente de Théodore Luhaka à Aulnay-sous-Bois, trois fonctionnaires de police doivent comparaître devant un jury populaire du 9 au 19 janvier. Le principal accusé, auteur du coup de matraque qui l’a grièvement blessé dans la zone rectale, risque quinze ans de prison.

Le 2 février 2017, à Aulnay-sous-Bois, quatre policiers de la brigade spécialisée de terrain (BST) descendent de voiture pour contrôler des jeunes rue Edgar-Degas, à proximité d’un point de deal. L’un d’entre eux, âgé de 22 ans, leur donne du fil à retordre. Ils décident de l’interpeller.

Lorsqu’ils ramènent Théodore Luhaka au commissariat, celui-ci est grièvement blessé : un coup de matraque télescopique a traversé son caleçon et lui a perforé la zone rectale. Il saigne abondamment et doit être opéré d’urgence.

Pour le jeune homme, c’est le début d’années de souffrance, de rendez-vous médicaux, de combat judiciaire et médiatique. À son corps défendant, « Théo » devient un symbole. Sept ans après les faits, trois des quatre policiers intervenus ce jour-là doivent comparaître devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, à Bobigny, du 9 au 19 janvier. (...)

Le principal accusé et auteur du coup de matraque, Marc-Antoine C., 34 ans, est poursuivi pour des « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique, avec arme et en réunion » ayant entraîné une « infirmité permanente ». Il risque jusqu’à quinze ans de réclusion criminelle.

Ses collègues Jérémie D., 43 ans, et Tony H., 31 ans, sont poursuivis pour d’autres violences aggravées commises sur Théo Luhaka lors de son interpellation. Ils encourent respectivement dix et sept ans de prison. (...)

cette affaire, survenue à l’occasion d’un banal contrôle de police dans une cité de Seine-Saint-Denis, s’inscrit dans une triste continuité. (...)

Dès novembre 2020, le Défenseur des droits réclamait des poursuites disciplinaires contre les policiers mis en cause. Si deux d’entre eux sont passés en janvier 2021 devant le conseil de discipline, qui a préconisé un simple blâme, le ministère de l’intérieur n’a pas encore pris de décision définitive.

Dans les affaires de violence, l’administration préfère généralement attendre l’issue judiciaire pour se prononcer, même si les deux procédures sont en théorie indépendantes l’une de l’autre.