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Academia/Hypothèses/ChatGPT
Allez-vous appuyer sur le gros bouton rouge ? De la responsabilité face aux IA génératives
#IA #responsabilites
Article mis en ligne le 29 mars 2025
dernière modification le 26 mars 2025

Imaginez : un matin, vous recevez un colis qui contient un petit cube, sur lequel se trouve un gros bouton rouge, protégé par un dôme de verre qu’il est possible de soulever pour appuyer sur le bouton.

Sur ce petit cube est collé un post-it indiquant la chose suivante :

Si vous appuyez sur le bouton rouge :

  • vous recevrez un million d’euros ;
  • En contrepartie :
    quelqu’un, quelque part dans le monde, que vous ne connaissez pas, mourra.

Allez-vous appuyer sur le bouton ?

(...)

Imaginez : un matin, vous recevez un colis qui contient un petit cube, sur lequel se trouve un gros bouton rouge, protégé par un dôme de verre qu’il est possible de soulever pour appuyer sur le bouton.
Sur ce petit cube est collé un post-it indiquant la chose suivante :

Si vous appuyez sur le bouton rouge,

-* vous allez produire un texte de 20 lignes en quelques secondes, que vous auriez pu écrire vous même en 5 ou 10 minutes.

  • La contrepartie :
    - des contenus artistiques et intellectuels créés par des êtres humains vont être pillés,
    - des personnes vont être exploitées pour trier des données, avec un salaire de misère, et parfois en ayant pour mission de faire le tri entre des images acceptables et des images d’une violence insoutenable, à longueur de journée,
    - des personnes vont perdre leur emploi du fait d’une mécanisation ou automatisation de leurs tâches,
    - une grande quantité de pollution va être produite.

Allez-vous appuyer sur le bouton ?

(...)

Les IA génératives ou la pensée en bouillie

Deux billets d’humeurs piquants au sujet des IA génératives écrits par des universitaires nord-américains ont été publiés ces derniers jours.

Le premier, par le philosophe et poète Troy Jollmore, intitulé “Autrefois, mon métier était d’enseigner à des étudiant.e.s. A présent, je suis un dépisteur de triche ChatGPT”, sur The Walrus. (...)

« . Ce moment, où vous commencez à comprendre la puissance d’une pensée claire, est crucial. Le problème avec les IA génératives, c’est qu’elles court-circuitent intégralement ce processus. »

(...)

L’IA, junk food de la pensée

par Christophe Cailleaux et Amélie Hart, enseignant·es en histoire-géographie dans le secondaire et membres du groupe numérique du SNES-FSU.

L’argument le plus utilisé pour justifier l’imposition de l’intelligence artificielle (IA) dans l’éducation est le déjà-là. Dans un récent entretien donné à Ouest-France le 6 février 2025, Elizabeth Borne affirme que « la quasi-totalité des lycéens et étudiants utilisent régulièrement l’IA contre environ 20% des professeurs ». Les élèves utiliseraient massivement l’IA, il serait donc nécessaire de l’utiliser en cours. Cette affirmation se fonde sur une série d’impostures que nous nous proposons de déconstruire ci-dessous. (...)

Il est bien difficile de définir l’IA en peu de mots Comme le montre cet article, l’IA est avant tout un objet volontairement indéterminé qui permet notamment de soutenir des discours de marketing et de politique publique (de plus en plus difficiles à distinguer) ; à de nombreuses reprises dans les lignes qui suivent, il sera justement question de cette IA comme objet flou. Mais de manière plus rigoureuse (si c’est possible), nous désignons par IA l’ensemble des techniques et des machines visant à simuler de manière autonome (et donc à automatiser au moins partiellement) des capacités humaines considérées comme intellectuelles1

(...)

Pourquoi je n’utilise pas ChatGPT
Par Florence Maraninchi

(...) En réponse aux personnes qui s’étonnent de ma position résolument anti ChatGPT j’ai fini par construire un argumentaire que je vais développer ici. (...)

Si aucune technologie n’est jamais neutre, dans le cas présent la configuration politico-financière extrêmement concentrée dans laquelle se déploient ces outils est particulièrement préoccupante et devrait selon moi conduire à une certaine prise de conscience. (...)

si la trajectoire des impacts environnementaux du numérique était déjà un problème avant l’apparition des IAs génératives, les impacts ont récemment subi un coup d’accélérateur. Ce constat suffirait amplement à remettre en cause sérieusement le déploiement tous azimuts de ces technologies, sauf si l’on croit vraiment que l’IA va sauver le monde, ce qui n’est pas mon cas. (...)

Au cas où ces impacts environnementaux (qui sont d’ailleurs déjà des impacts socio-environnementaux) ne suffiraient pas à disqualifier le déploiement des grandes IAs génératives, les conditions de travail des humains indispensables au développement de ces outils devrait régler la question. Un article récent aborde cette situation en la qualifiant d’esclavage moderne (...)

C’est un développement extrêmement mal orienté si l’on s’attarde quelques minutes sur le numérique face aux limites planétaires. Il est urgent au contraire de s’intéresser à des trajectoires décroissantes du numérique, et j’espère qu’on en est encore capables. (...)

WordFreq est un outil qui maintient une base de données sur la fréquence des mots dans plusieurs langues, en analysant les textes disponibles en ligne. Le mainteneur a constaté que ces fréquences changent maintenant à un rythme jamais observé auparavant, et accuse les IAs génératives d’avoir irrémédiablement pollué les textes en ligne. Sa conclusion est sans appel : plus personne n’a d’information fiable sur les langues telles qu’elles sont parlées par des êtres humains, après 2021. Les autres exemples de pollution abondent (...)

Le mot slop a été introduit récemment pour décrire cette pollution informationnelle qui s’accumule dans les sources en ligne. Le livre Les IA à l’assaut du cyberespace – Vers un Web synthétique revient sur l’évolution du contenu du web depuis 25 ans, et met en garde contre son artificialisation.

Comment penser que cette pollution n’aura pas d’impact sur les usages “créatifs” de l’outil, à moyen terme ? Même si les effets à court terme paraissent utiles, à quel avenir contribuons-nous en acceptant une utilisation routinière de ces technologies ? (...)

Si l’on s’intéresse à la construction de ces IA génératives appliquées à la programmation, on se rend compte qu’elles sont comparables aux coupes rases en forêt : il est possible de réaliser de gros profits, une fois, en rasant tout, mais rien ne repoussera jamais. (...)