Apple et Google ont supprimé TikTok de leurs boutiques d’applications samedi soir, se conformant ainsi à une loi obligeant la société chinoise ByteDance à se défaire de l’application sociale sous peine d’interdiction effective aux États-Unis.
Le retrait de TikTok de l’App Store d’Apple et de la boutique Google Play signifie que les Américains ne peuvent plus télécharger la populaire application de vidéos en format court sur leurs appareils. Le retrait de l’application intervient après que la Cour suprême a confirmé à l’unanimité, vendredi, la loi sur la protection des Américains contre les applications contrôlées par des adversaires étrangers, que le président Joe Biden a signée en avril. Vendredi, TikTok a déclaré que son service deviendrait obsolète, c’est-à-dire qu’il cesserait de fonctionner pour les Américains, à moins que l’administration Biden n’intervienne.
Sur l’App Store d’Apple, un message indiquant "App Not Available" apparaît sur l’ancienne page d’installation de l’application TikTok.
"Cette application n’est actuellement pas disponible dans votre pays ou région", indique le message.
"Nous sommes désolés, l’URL demandée n’a pas été trouvée sur ce serveur", indique un message sur la page qui hébergeait précédemment TikTok sur la boutique Google Play.
Certains utilisateurs qui ont visité l’application et le site web de TikTok samedi ont été accueillis par un message disant : "Désolé, TikTok n’est pas disponible pour le moment".
"Une loi interdisant TikTok a été promulguée aux États-Unis. Malheureusement, cela signifie que vous ne pouvez pas utiliser TikTok pour le moment", indiquait l’avis. "Nous avons la chance que le président Trump ait indiqué qu’il travaillerait avec nous sur une solution pour rétablir TikTok une fois qu’il aura pris ses fonctions. Restez à l’écoute !"
Lemon8, un autre service appartenant à ByteDance, a également affiché un avis informant les utilisateurs qu’il n’était pas disponible aux États-Unis. L’application avait grimpé en flèche dans les classements récemment, devenant l’une des applications gratuites les plus populaires sur iOS.
La loi exige que les fournisseurs de services ne soutiennent plus TikTok aux États-Unis si ByteDance n’a pas procédé à une "cession qualifiée" de l’application avant dimanche. En conséquence, Apple, Google et Oracle pourraient se voir infliger de lourdes sanctions s’ils ne respectent pas la loi. Apple et Google distribuaient auparavant l’application par l’intermédiaire de leurs magasins d’applications, tandis qu’Oracle fournit des services d’informatique en nuage à TikTok et a déclaré en juin que la loi nuirait à ses activités.
Après la décision de la Cour suprême, le PDG de TikTok, Shou Chew, a déclaré que l’utilisation de TikTok était un droit garanti par le premier amendement et a ajouté que plus de 7 millions d’entreprises américaines l’utilisaient pour gagner de l’argent et trouver des clients.
Dans l’attente de Trump
"Soyez assurés que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que notre plateforme prospère en tant que foyer en ligne pour une créativité et une découverte sans limites, ainsi que comme source d’inspiration et de joie pour les années à venir", a déclaré M. Chew dans une vidéo diffusée sur TikTok.
M. Chew a également remercié le président élu Donald Trump, qui avait demandé à la Cour suprême de suspendre la mise en œuvre de la loi et de donner à son administration "la possibilité de rechercher une solution politique aux questions soulevées dans l’affaire". M. Chew devrait assister à l’investiture de M. Trump à Washington lundi, aux côtés de dirigeants d’entreprises technologiques telles que Meta, Amazon, Apple et Google.
M. Trump est arrivé à Washington samedi soir. Son équipe de transition n’a pas réagi immédiatement à la fermeture de TikTok. Vendredi, M. Trump a déclaré que la décision de la Cour suprême était attendue "et que tout le monde devait la respecter".
"Ma décision sur TikTok sera prise dans un avenir pas trop lointain, mais je dois avoir le temps d’examiner la situation. Restez à l’écoute !" a écrit Trump dans un message publié sur son application de médias sociaux Truth Social.
La secrétaire de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a pris acte samedi de la déclaration de TikTok selon laquelle l’entreprise deviendrait obscure et l’a qualifiée de "coup d’éclat".
"Nous avons exposé notre position de manière claire et directe : les mesures de mise en œuvre de cette loi relèveront de la prochaine administration", a déclaré Mme Jean-Pierre. "TikTok et les autres entreprises devraient donc leur faire part de leurs préoccupations.
Samedi, M. Trump a déclaré à NBC News qu’il accorderait "très probablement" à TikTok une prolongation de 90 jours du délai de dimanche et qu’il annoncerait "probablement" une décision lundi.
"Je pense que ce serait certainement une option que nous examinerions", a déclaré M. Trump lors de l’entretien téléphonique. "La prolongation de 90 jours est quelque chose qui sera très probablement fait, parce que c’est approprié. Vous savez, c’est approprié. Nous devons l’examiner attentivement. Il s’agit d’une situation très complexe.
La startup d’intelligence artificielle Perplexity AI a présenté samedi une offre pour TikTok qui aboutirait à la combinaison de la startup de moteur de recherche alimenté par l’IA avec les versions américaines de TikTok et de nouveaux partenaires de capital, a rapporté CNBC.
Le groupe de défense de l’internet Project Liberty de l’homme d’affaires Frank McCourt a annoncé le 9 janvier qu’il avait soumis une proposition de rachat de TikTok à ByteDance à des conditions qui n’ont pas été divulguées. M. McCourt a déclaré à CNBC vendredi que "nous sommes, je crois, le seul soumissionnaire" qui réponde aux critères nécessaires pour dissocier la technologie de l’algorithme chinois.