
À l’issue de sa première réunion depuis les élections européennes, l’intersyndicale ne s’est accordée ni sur un appel à soutenir des partis politiques pour les législatives à venir, ni sur une demande de désigner des candidats uniques à gauche. Mais sur le terrain, les actions ont déjà démarré.
L’union est un combat, pour les partis politiques comme pour les syndicats. Moins de vingt-quatre heures après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, les huit organisations représentant les salarié·es s’étaient donné rendez-vous lundi 10 juin à 18 h 30 au siège de la CGT. De leur côté, les partis de gauche venaient de démarrer des négociations qui ont fini par déboucher, tard dans la soirée, sur l’annonce de leur souhait de « soutenir des candidatures uniques » au premier tour des élections législatives, le 30 juin prochain.
Le message syndical aura été moins fort à l’issue des trois heures de la réunion, calée de longue date mais initialement prévue pour parler de la réforme de l’assurance-chômage, qui pourrait toujours être déclenchée par le gouvernement avec la signature d’un décret d’ici au 1er juillet. Le communiqué qui en est sorti est signé par la CFDT, la CGT, l’Unsa, la FSU et Solidaires, mais laisse de côté FO, la CFE-CGC et la CFTC. (...)
Le communiqué commun se concentre ensuite sur les « exigences sociales » des syndicats, à même selon eux d’éviter l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.
La liste est longue et ambitieuse : augmenter les salaires et les pensions, annuler les réformes des retraites et de l’assurance-chômage, « défendre les services publics », « éradiquer les violences sexistes et sexuelles » ou régulariser « tous les travailleurs et travailleuses étranger·es sur la base d’un certificat de travail ». Le texte conclut en appelant « à manifester le plus largement possible ce week-end pour porter la nécessité d’alternatives de progrès pour le monde du travail ». Rappel de la force motrice de l’intersyndicale pendant la bataille contre la réforme des retraites, au premier semestre 2023.
Mais à ce stade, pas d’appel en direction des partis de gauche pour qu’ils présentent des candidats communs, pas de demande explicite à ne pas donner de voix à l’extrême droite dans les urnes ces prochaines semaines… L’appel syndical peut paraître timide en contraste avec l’annonce du début d’accord trouvé par les partis de gauche moins d’une heure après sa parution. (...)
Indépendance vis-à-vis des partis
Le prudent texte syndical est le fruit d’un équilibre fragile entre ces diverses prises de position. (...)
Actions de terrain et manifestations
En attendant, les syndicats se lancent dans l’action. À l’annonce de la dissolution dimanche soir, dans la remuante union départementale de la CGT des Bouches-du-Rhône, c’était la sidération. Mais il n’a fallu que quelques instants à son secrétaire général, Olivier Mateu, pour retrouver les mots. Fidèle à lui-même, sans concession : « C’est la guerre contre les travailleurs, contre les quartiers populaires, contre les immigrés, contre le vivre-ensemble, contre le progrès social…, dit-il. C’est la guerre tout court que nous impose Macron avec sa décision. Maintenant, c’est chacun à son poste de combat et on y va. »
Pendant la réforme des retraites, son organisation s’était illustrée pour ses actions coup de poing, de l’électricité gratuite offerte aux précaires par les électriciens en passant par le blocage des ports et des docks. Aujourd’hui, « face au danger du fascisme », ils sont prêts à réitérer. « Si vous me demandez si la grève est la bonne option, je vous dirais toujours oui, lâche Olivier Mateu. Et qu’ils ne viennent pas nous dire que notre grève est politicienne. En s’opposant à l’extrême droite, on défend les droits des travailleurs. »
La mobilisation se fera aussi dans les entreprises. (...)
Les mobilisations ont déjà démarré. Dans la soirée de lundi, de larges manifestations ont eu lieu dans la plupart des grandes villes de France. On y trouvait nombre de jeunes mobilisé·es contre l’extrême droite. « La mobilisation contre le péril fasciste, pour la paix, pour nos droits, passe aussi par la rue », soutient Éléonore Schmitt, porte-parole de l’Union étudiante, organisation issue de la fusion entre l’Alternative et l’aile majoritaire sortante de l’Unef.
Comme leurs homologues des organisations professionnelles, les syndicats étudiants et les organisations de jeunesse des partis de gauche se sont rencontrés le 10 juin (...)
Au sein du mouvement social, l’organisation étudiante est largement rejointe dans son souci de pousser les candidatures uniques de la gauche. Un appel de 350 intellectuel·les et artistes demande la même chose, tout comme la Ligue des droits de l’homme, le Syndicat des avocats de France ou encore Greenpeace.
Pour Benoît Teste, le secrétaire général de la FSU, c’est cette effervescence militante qui mènera à la victoire. (...)