
Nous, universitaires de toutes disciplines, exprimons notre profonde consternation face à la décision du gouvernement français de suspendre, à compter du 1er août 2025, les évacuations des étudiant·es palestinien·nes de Gaza, y compris celle prévue le 6 août. Une telle décision va à l’encontre des principes fondamentaux de l’État de droit : alors qu’une étudiante rescapée de Gaza est accusée d’antisémitisme, ce sont tou·tes les étudiant·es palestinien·nes de Gaza qui sont puni·es. Le droit pénal, qui affirme par ailleurs la présomption d’innocence, ne connaît de responsabilité que personnelle : « Nul n’est responsable pénalement que de son propre fait » (Code pénal, art.121-1).
Nous, universitaires de toutes disciplines, exprimons notre profonde consternation face à la décision du gouvernement français de suspendre, à compter du 1er août 2025, les évacuations des étudiant·es palestinien·nes de Gaza, y compris celle prévue le 6 août. Une telle décision va à l’encontre des principes fondamentaux de l’État de droit : alors qu’une étudiante rescapée de Gaza est accusée d’antisémitisme, ce sont tou·tes les étudiant·es palestinien·nes de Gaza qui sont puni·es. Le droit pénal, qui affirme par ailleurs la présomption d’innocence, ne connaît de responsabilité que personnelle : « Nul n’est responsable pénalement que de son propre fait » (Code pénal, art.121-1).
Dès lors que la situation à Gaza justifie que toute personne fuyant cette zone peut bénéficier d’une protection internationale, la Cour Nationale du Droit d’Asile (CNDA) a affirmé, dans une décision inédite le 11 juillet dernier, que « les ressortissants palestiniens originaires de la bande de Gaza non protégés par l’ONU peuvent se voir accorder le statut de réfugié en application de la convention de Genève de 1951 en raison des méthodes de guerre utilisées par les forces israéliennes depuis la fin en mars 2025 du cessez-le-feu conclu le 19 janvier 2025 ». Le récent durcissement de la politique française, en contradiction avec cette reconnaissance, est d’un cynisme glaçant.
Cette décision politique est lourde d’implications au moment où les bombardements et la famine organisée continuent de tuer chaque jour des dizaines de Palestinien·nes à Gaza. En suspendant les évacuations, la France laisse penser que les Palestinien·nes de Gaza déjà accueillies n’auraient pas dû l’être. Elle entache d’un risque de suspicion quelque procédure que ce soit qui serait initiée à l’avenir, alors même que les évacuations deviennent de plus en plus urgentes. La France aggrave ainsi sa participation au projet israélien d’effacement et d’extermination des Palestinien·nes à l’œuvre dans la bande de Gaza.
Jusqu’à présent, la France n’accueille, et ce de manière extrêmement restrictive, que quelques étudiant·es diplômé·es, préalablement admis·es dans une université française et capables de justifier de ressources financières, impossibles à réunir pour le plus grand nombre, et quelques doctorant·es, professeur·es, chercheur·es ou artistes lauréat·es du programme PAUSE dont les critères d’admission sont particulièrement sélectifs. Dans ce cadre, un certain nombre d’étudiant·es ont obtenu un visa pour la France, au terme d’un processus long, exigeant, soumis à l’approbation des ministères français de l’Europe et des Affaires étrangères et de l’Intérieur, ainsi que des autorités israéliennes. Un tel processus est particulièrement éprouvant pour des personnes vivant depuis 22 mois une situation inhumaine. Aussi, ne doit-il pas être interrompu sine die.
Parce que c’est notre métier et notre responsabilité d’universitaires, nous sommes nombreux et nombreuses à nous engager aux côtés de plusieurs dizaines de candidat·es originaires de Gaza, afin de les accompagner dans la compréhension et le franchissement des obstacles que comporte ce parcours mis en œuvre par la France. Nous considérons qu’il est également de notre devoir d’appeler à l’arrêt de la violence génocidaire afin que les Palestinien·nes puissent vivre en paix là où ils et elles le souhaitent. Mais notre urgence aujourd’hui est de permettre, autant que possible, à celles et ceux qui nous contactent de sortir du désastre humanitaire en cours à Gaza, et de le faire dans des conditions dignes.
En tant qu’universitaires, nous pouvons témoigner de la solidité des dossiers de candidature et de la qualité des projets portés par les étudiant·es, professeur·es ou artistes désireux de poursuivre leur formation en France. À l’heure où 95% des établissements éducatifs de Gaza ont été endommagés ou détruits par Israël, et où de nombreux spécialistes caractérisent d’éducide ou de scolasticide la situation sur place (plus de 700 000 enfants et étudiant⋅es palestinien⋅nes ont été privé·es d’éducation depuis 2024), nous avons l’obligation d’ouvrir nos portes et nos institutions aux étudiant·es et à nos collègues des universités de Gaza.
Nous nous engageons à poursuivre nos efforts pour les accompagner dans leur démarche, en garantissant un processus d’évaluation transparent, rigoureux et conforme aux règles en vigueur. Nous nous engageons également à assurer un accueil solidaire et digne des étudiant·es admis·es dans des programmes universitaires en France ainsi que celui de nos collègues lauréat·e·s du programme PAUSE et de leurs familles, qui attendent depuis plusieurs mois, sous les bombes israéliennes et exposé·es à la famine, leur évacuation vers la France.
En tant qu’enseignant·es et chercheur·es attaché·es à une Université fondée sur l’égalité et la liberté de pensée, nous refusons de rester silencieux·ses face à la décision aussi discriminatoire que violente de suspendre toute évacuation. Nous exigeons la reprise immédiate du processus d’évaluation des candidatures à la poursuite d’études en France ainsi que les évacuations prévues d’étudiant·es.
Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la crédibilité même des principes qui fondent notre Université et, dans les circonstances que nous connaissons, la vie d’hommes et de femmes qui continuent de croire en de tels principes.