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Au festival d’Avignon, “Le Procès Pelicot” transporte aux confins de l’humanité
#FestiivaldAvignon #ProcesPelicot
Article mis en ligne le 22 juillet 2025
dernière modification le 19 juillet 2025

Servane Dècle et Milo Rau s’étaient lancé un défi fou : retranscrire sur scène le long procès des viols de Mazan. Quatre heures durant, la cinquantaine d’interprètes a rendu hommage à Gisèle Pelicot et livré une bouleversante leçon de vie.

Il fallait être sacrément doué pour restituer, en un peu plus de quatre heures, les quatre mois d’un procès qui a fait date dans l’histoire et résonné dans le monde entier. Ce vendredi 18 juillet, le Cloître des Carmes, à Avignon, a vibré d’un même élan, d’un même cœur, emporté par le spectacle-hommage à Gisèle Pelicot conçu par Servane Dècle et Milo Rau, qui ont retracé avec précision et sobriété les tenants et les aboutissants d’une séquence juridique hors norme au cours duquel Dominique Pelicot, ex-mari de Gisèle Pelicot, a été jugé aux côtés de 50 autres accusés pour avoir chimiquement drogué et violé sa femme entre 2011 et 2020. Sobrement intitulée Le Procès Pelicot, la soirée était gratuite, et a été retransmise en direct sur le site du festival d’Avignon et de Télérama ainsi que dans les cinémas Utopia. (...)

Comme lors d’un procès, chacun s’est exprimé debout, face au micro et aux spectateurs. Ce sont les trois comédiennes Ariane Ascaride, Marie-Christine Barrault et Marie Vialle qui ont tour à tour donné visage et voix à Gisèle Pelicot. À chaque extrémité de la scène, deux dessinatrices de presse ont illustré les débats. Entre les deux rangées de bancs, une table en bois accueillait les deux narratrices, Séphora Haymann et Hinda Abdelaoui, qui ont interprété les magistrats, parfois les journalistes. La tonalité du spectacle a d’abord été donnée par le chanteur lyrique Serge Kakudji, qui a ouvert et clôturé l’événement de sa voix puissante, divine, fragile aussi, aux côtés de Marie-Christine Barrault, bouleversante.

Comment ne pas être touché, gêné parfois, effrayé, dégoûté, bouleversé, au bord de la nausée, à force d’entendre les paroles de prévenus, d’experts, d’avocats, de Dominique Pelicot ou de Gisèle Pelicot elle-même ? Livrées sous forme de fragments, certaines ont été dites dans les larmes. (...)

La représentation – si tant est que ce terme soit approprié – a maintes fois conduit aux confins de l’humanité. Là où l’on comprend que le mal n’a pas de visage ni de nom, qu’il peut être en chacun. Que le patriarcat est un système qui anéantit la société tout entière. Face à la brutalité des faits et des mots, certains spectateurs n’ont pu s’empêcher de partir (...)

À 2 heures du matin passées, une belle émotion a envahi l’assemblée, quand il s’est agi d’applaudir plutôt que dire, pour simplement remercier et saluer le courage de Gisèle Pelicot, magnifiquement mis en lumière par Servane Dècle et Milo Rau.