
La Première ministre danoise Mette Frederiksen doit présenter mercredi à Nuuk des excuses aux Groenlandaises victimes d’une campagne de contraception forcée menée par le Danemark de la fin des années 1960 jusqu’en 1992. Selon une enquête, des milliers de femmes se sont vues imposer l’implantation d’un stérilet.
"Une page sombre de notre histoire commune". La Première ministre danoise Mette Frederiksen est arrivée mercredi 24 septembre à Nuuk pour présenter ses excuses aux Groenlandaises victimes de la campagne de contraception forcée orchestrée par le Danemark sur l’immense île arctique pendant plus de trois décennies.
Il s’agit d’un "moment marquant", à propos d’une "page sombre de notre histoire commune", a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux après avoir atterri au Groenland.
"Ça va être un moment très important pour ces femmes évidemment mais aussi pour la société dans son ensemble", a dit à l’AFP la députée Aaja Chemnitz, qui représente le Groenland au Parlement. "C’est un deuxième pas dans le processus de réconciliation après l’annonce des excuses." (...)
"Fonds de réconciliation" pour les victimes
La campagne de contraception, commencée à la fin des années 1960 jusqu’en 1992, visait à réduire le taux de natalité au Groenland.
Fin 1970, au moins 4 070 femmes, soit une femme groenlandaise sur deux en âge de procréer, avaient reçu un stérilet, a conclu une enquête présentée début septembre. L’acte était majoritairement réalisé sans consentement préalable, même quand il s’agissait de mineures.
La pose du contraceptif a généré de multiples complications chez beaucoup de femmes. Nombre d’entre elles sont aussi devenues stériles.
Fin août, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a présenté, dans un communiqué, ses excuses aux victimes, accédant à une demande formulée par ces femmes depuis plusieurs années. (...)
Lundi, elle a annoncé la création d’un "fonds de réconciliation" pour les indemniser, ainsi que d’autres Groenlandais discriminés en raison de leur origine dans d’autres affaires.
"C’est une très bonne nouvelle car mes clientes ne se satisfont pas d’une simple excuse", a affirmé à l’AFP Mads Pramming, avocat de quelque 150 des victimes qui poursuivent l’État danois pour violation de leurs droits humains et demandent réparation. "Le timing est bon, elle n’aurait pas été bien accueillie si elle n’avait rien proposé en avance."
Entre Nuuk et Copenhague, les pierres d’achoppement sont légion, en particulier les adoptions forcées ou le placement forcé d’enfants groenlandais au Danemark. (...)
Lundi, elle a annoncé la création d’un "fonds de réconciliation" pour les indemniser, ainsi que d’autres Groenlandais discriminés en raison de leur origine dans d’autres affaires.
"C’est une très bonne nouvelle car mes clientes ne se satisfont pas d’une simple excuse", a affirmé à l’AFP Mads Pramming, avocat de quelque 150 des victimes qui poursuivent l’État danois pour violation de leurs droits humains et demandent réparation. "Le timing est bon, elle n’aurait pas été bien accueillie si elle n’avait rien proposé en avance."
Entre Nuuk et Copenhague, les pierres d’achoppement sont légion, en particulier les adoptions forcées ou le placement forcé d’enfants groenlandais au Danemark. (...)
La Danemark a-t-il commis un "génocide" ?
Le gouvernement danois cherche à apaiser les tensions à l’heure où le Groenland est convoité par les États-Unis de Donald Trump. "C’est la pression de l’extérieur, particulièrement des États-Unis, qui oblige le Danemark à accroître ses efforts", a estimé Aaja Chemnitz. "Ça fait dix ans que je suis députée et je n’avais jamais vu autant d’efforts avant."
Mette Frederiksen a rompu avec la tradition de ses prédécesseurs qui assuraient que le Danemark n’avait pas de raison de s’excuser. (...)
Sur le dossier "anticonception", tel qu’il est baptisé au Groenland, c’est la prise de parole d’une victime puis une série de podcasts en 2022 qui ont révélé au grand public l’existence de cette campagne de contraception, oubliée des pouvoirs publics et refoulée par les victimes. (...)
Une autre enquête, sur les implications juridiques de cette campagne, est en cours. Son rapport, qui doit se pencher sur le fait de savoir si le Danemark a ou non commis un "génocide", doit être publié au printemps 2026.