
Le président sortant du Mexique a signé dimanche le décret de promulgation de la loi controversée et unique au monde sur l’élection des juges par un "vote populaire". En promulguant cette législation, Andres Manuel Lopez Obrador a plaidé pour "un véritable état de droit".
Le Mexique devient le premier pays au monde à choisir presque tous les juges du pays, y compris ceux de la Cour suprême, par le biais d’un vote populaire. Le président sortant du Mexique Andres Manuel Lopez Obrador a signé dimanche 15 septembre le décret de promulgation de cette loi controversée. (...)
"Je vais signer le décret pour la publication de la réforme de la Constitution avec l’objectif d’améliorer le pouvoir judiciaire", a déclaré dans une vidéo le président de gauche sortant Andres Manuel Lopez Obrador, en compagnie de la future présidente Claudia Sheinbaum, qui prendra le pouvoir le 1er octobre. Puis, on le voit signer le document à la fin de l’enregistrement.
Tous deux représentent le Mouvement pour la régénération nationale (Morena), qui dispose de plus de la majorité des deux-tiers au congrès des députés et s’en approche d’une voix au Sénat, ce qui a permis l’adoption rapide de la réforme de la Constitution.
"Nous avons besoin que la justice parvienne à tout le monde, qu’il n’y ait pas de corruption dans le pouvoir judiciaire, que les juges, les magistrats, les ministres (membres de la Cour suprême, NDLR) appliquent au pied de la lettre le principe selon lequel rien n’est en marge de la loi, ni personne n’est au-dessus des lois", a-t-il dit depuis le palais national. (...)
Avec la réforme, le Mexique deviendra le premier pays au monde à élire tous ses juges par vote populaire, y compris ceux de la Cour suprême, ainsi que certains magistrats.
Près de 7 000 fonctionnaires judiciaires – dont environ 1 600 juges fédéraux – vont être élus en 2025 et 2027.
La réforme du pouvoir judiciaire réduit également le nombre de juges de la Cour suprême de onze à neuf, tandis que leur mandat passe de 15 à 12 ans. (...)
Des adversaires de la réforme ont fait irruption dans l’hémicycle lors du débat mardi au Sénat pour bloquer son approbation. La session s’est poursuivie dans l’ancien siège du Sénat.
La réforme inquiète les milieux d’affaires, au moment où l’économie mexicaine s’essouffle (croissance révisée à la baisse pour 2024 de 2,4 à 1,5 %, recul de la Bourse de 2,8 % en août, affaiblissement du peso face au dollar).
La réforme "menacera la relation commerciale historique que nous avons bâtie, qui repose sur la confiance des investisseurs dans le cadre légal du Mexique", s’est inquiété l’ambassadeur des États-Unis au Mexique, Ken Salzar, homme de confiance du président américain Joe Biden, ancien membre du Sénat américain et de l’administration Obama. En 2023, le Mexique est devenu le premier partenaire commercial des États-Unis, devant la Chine.
Douzième économie mondiale, le Mexique est aussi gangréné par la violence de la délinquance organisée (narcotrafic, migrants, extorsion...). Dans un pays qui enregistre quelque 30 000 homicides par an, la justice actuelle souffre d’une quasi-totale inefficacité, d’après l’ONG Impunité Zéro : "pour 100 délits, seuls 6,4 font l’objet d’une plainte, dont 14 % sont éclaircis. Cela veut dire que la probabilité d’élucider un délit commis dans notre pays est de 0,9 %."