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Mediapart
Au Parlement européen, un nouveau revers pour le RN de Jordan Bardella
#UE #parlementEuropeen #extremedroite #Bardella
Article mis en ligne le 25 juillet 2024
dernière modification le 23 juillet 2024

Le parti d’extrême droite et ses alliés n’ont obtenu aucun poste de présidence, mardi, au sein des commissions parlementaires. Le groupe mené par Jordan Bardella continue de buter sur le cordon sanitaire visant à exclure ses 83 députés des postes d’influence.

Malgré son triomphe aux européennes du 9 juin, le Rassemblement national (RN) n’a toujours pas trouvé la clé pour peser sur la politique à Bruxelles. Aucun·e des dix candidat·es du parti d’extrême droite et de ses alliés n’a été élu·e mardi 23 juillet aux postes clés de président·e ou de vice-président·e au sein de l’une des 24 commissions et sous-commissions thématiques qui organisent la vie du Parlement européen pour les années à venir.

C’est un revers pour le groupe flambant neuf des Patriotes pour l’Europe, présidé par Jordan Bardella, qui s’est cassé les dents sur le traditionnel cordon sanitaire à l’égard du RN et de ses alliés. « Comment osent-ils ? Prédateurs ! Maison de l’antidémocratie », s’emportait dès le 19 juillet Enikő Győri, une eurodéputée hongroise du Fidesz, parti de Viktor Orbán.

Le groupe des Patriotes, né d’un accord en juin entre le RN et le Fidesz, représente, avec pas moins de 84 député·es sur un total de 720, le troisième groupe du Parlement par le nombre d’élu·es. Il intègre aussi les Portugais·es de Chega, les Espagnol·es de Vox ou encore les Belges du Vlaams Belang. Mais ce groupe n’est parvenu à obtenir aucun des dix postes que la clé de répartition des sièges au Parlement européen, la loi d’Hondt, lui promettait sur le papier. Parmi ces dix postes figuraient cinq noms français. (...)

Les Patriotes espéraient en particulier décrocher les présidences de deux commissions : transport et culture. Dans le premier cas, c’est une conservatrice grecque du Parti populaire européen (PPE), Elissavet Vozemberg-Vrionidi, qui l’a finalement emporté, tandis qu’une Allemande du groupe des Verts, Nela Riehl, s’est imposée dans le second, face à la Française Malika Sorel.

Jordan Bardella n’en est pas à sa première déconvenue depuis sa réélection à Bruxelles. (...)

Un cordon sanitaire à géométrie variable

Autre raté spectaculaire : l’élection par acclamation au rang de vice-président du groupe des Patriotes de l’eurodéputé italien Roberto Vannacci, un ancien général au profil très controversé, auteur d’un pamphlet raciste et homophobe, le 8 juillet. Absent de cette réunion bruxelloise, Jordan Bardella a décidé, après coup, d’invalider cette élection et de demander à la Ligue de Matteo Salvini de proposer un autre nom.

À Strasbourg, il existe désormais trois groupes, sur un total de huit, qui penchent à l’extrême droite : outre les Patriotes, il faut compter avec les Conservateurs et réformistes européens (ECR), dominés par les élu·es Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni (78 député·es), et les député·es de L’Europe des nations souveraines (ENS). On retrouve dans ce dernier groupe, le plus modeste de l’hémicycle (25 sièges), les élu·es d’Alternative pour l’Allemagne (AfD), allié·es du RN lors du précédent mandat, mais que Marine Le Pen a exclu·es en mai, soucieuse de mettre en scène la pseudo-dédiabolisation du RN à l’approche des européennes.

Comme lors du précédent mandat, ce cordon sanitaire est à géométrie variable. Il fonctionne contre les membres des Patriotes comme de l’ENS. Mais il ne concerne pas l’ECR. Ce dernier groupe rassemble des élu·es d’extrême droite qui défendent l’Ukraine face à Moscou, soutiennent le rôle de l’Otan et se donnent l’apparence de partis soucieux de gouverner. Mardi, l’ECR – où siègent d’ex-candidat·es Reconquête comme Marion Maréchal-Le Pen et Nicolas Bay – a ainsi décroché pas moins de treize vice-présidences de commission. (...)