
Les premiers témoignages ont été entendus lundi au procès de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, poursuivi pour tentative de putsch. Un ancien commandant de l’armée a notamment confirmé avoir participé avec l’accusé à une réunion où il était question d’un décret d’"état de siège".
Le procès de Jair Bolsonaro entre dans le vif du sujet. La Cour suprême du Brésil a débuté lundi 19 mai l’audition de témoins-clés du procès contre l’ex-président pour tentative présumée de coup d’État.
Jair Bolsonaro, 70 ans, est accusé d’avoir ourdi de longue date avec des proches collaborateurs un complot pour se maintenir au pouvoir quel que soit le résultat de la présidentielle d’octobre 2022, qu’il a finalement perdue face au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. S’il est déclaré coupable, l’ancien chef de l’État (2019-2022) encourt une peine cumulée pouvant avoisiner les 40 ans de prison. (...)
Le témoignage le plus attendu de la journée était celui du général Marco Antonio Freire Gomes, commandant de l’armée de terre durant le mandat de l’ex-président. Il a confirmé avoir participé le 7 décembre 2022, entre la victoire de Lula et son investiture, à une réunion avec Jair Bolsonaro, lors de laquelle a été évoquée l’élaboration d’un décret d’"état de siège" pour réfuter le résultat de l’élection. "Je l’ai averti (...) qu’il pourrait avoir de sérieux problèmes, avec des implications judiciaires", s’il prenait de telles mesures, a déclaré le général lors de son audition. (...)
L’ancien capitaine de l’armée sera jugé avec sept anciens collaborateurs accusés d’avoir fait partie du "noyau crucial" du complot présumé, dont quatre anciens ministres, un ancien commandant de la marine et le chef des services de renseignement durant sa présidence.
Un rapport de près de 900 pages de la Police fédérale détaille le plan présumé, qui aurait prévu, entre autres, l’élaboration d’un décret d’état de siège, mais aussi l’assassinat de Lula. Le coup d’État n’a finalement pas eu lieu, faute de soutien de membres du haut commandement militaire, selon le parquet. (...)
L’enquête se penche également sur les émeutes du 8 janvier 2023, quand des milliers de bolsonaristes ont envahi et saccagé les lieux de pouvoir à Brasilia, une semaine après l’investiture de Lula. Jair Bolsonaro se trouvait aux États-Unis ce jour-là, mais il est soupçonné d’avoir été l’instigateur des émeutes, qui étaient selon le Parquet l’"ultime espoir" des supposés putschistes. (...)
Jair Bolsonaro a déclaré à Uol que toute condamnation serait "une peine de mort, physique et politique". Il espère encore faire annuler son inéligibilité pour participer à la présidentielle de 2026, où il pourrait de nouveau avoir Lula pour adversaire.