Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France24/AFP
Au procès de Joël Le Scouarnec, le viol des garçons appelé à la barre
#LeSouarnec #pedocriminalite #enfants #garçons
Article mis en ligne le 17 mai 2025

Sur les 299 victimes du chirurgien, pour la plupart mineures au moment des faits, plus de la moitié sont des garçons. Les violences sexuelles sont aussi subies par des garçons et hommes qui, confrontés à des stéréotypes qui les empêchent de dévoiler ce qu’ils ont subi, ne bénéficient pas de la même prise en charge que les femmes.

"J’avais tout pris sur moi, tout intériorisé". Pendant des années, Nicolas Gourlet n’a pas dit un mot de son agression, à l’âge de 13 ans, par le chirurgien pédocriminel Joël Le Scouarnec, s’enfonçant dans la colère et le mal-être.

"J’avais honte... Honte de m’être fait agresser", confie l’homme de 31 ans, qui a tenu à témoigner publiquement lors de son audition devant la cour criminelle du Morbihan.

Nicolas refusait d’apparaître dans les médias au début du procès avant de se résoudre à en devenir un des "visages" masculins, inspiré par le procès des viols de Mazan. (...)

Gabriel Trouvé, 34 ans, autre partie civile, a quant à lui renoncé au huis clos, qu’il estimait au départ "plus sécurisant", et devait lui éviter "d’être réduit à ce statut de victime". C’est en voyant les autres témoigner qu’il change d’avis.

"Je me suis dit que je devrais être là, m’associer à toutes ces personnes qui ont le courage de venir avec ce qu’elles sont, ce qu’elles vivent, et de le déposer à la barre", confie-t-il, dans l’espoir "qu’il y aura quelqu’un, quelque part, qui va se reconnaître dans ce qui est dit et qui va parler, à son tour".

Sur les 299 victimes du chirurgien, pour la plupart mineures au moment des faits, plus de la moitié sont des garçons.

En France, ils représenteraient 5 à 6,5 % des victimes de violences sexuelles dans l’enfance, selon les sources, des chiffres probablement très sous-estimés : car plus encore que les filles, ceux-ci tendraient à taire les sévices qu’ils ont vécus. (...)

La crainte de verbaliser sa souffrance

Agressé par Le Scouarnec à 5 ans lors d’un passage à l’hôpital de Vannes, Gabriel résume le poids de ce silence : "le tabou dans le tabou".

"On pense tout de suite aux femmes quand on parle de viol car elles sont plus souvent victimes et sont souvent sexualisées", estime le jeune homme de 34 ans, qui a longtemps travaillé dans la formation pédagogique, "alors qu’à l’inverse il y a cet imaginaire collectif de l’homme puissant, à qui il n’arrive rien, qui subvient aux besoins de sa famille..."

Pour Joanna Smith, psychothérapeute spécialisée dans la prise en charge des traumatismes complexes, "le viol, l’agression est particulièrement taboue chez les garçons et les hommes (...) car ils sont confrontés à des stéréotypes qui les empêchent de dévoiler ce qu’ils ont subi." (...)

Il n’existe pas, en France, de structures spécifiquement dédiées à la prise en charge des hommes victimes de sévices sexuels comme il en existe par exemple depuis quelques années au Québec, où le sujet a bénéficié plus tôt d’une prise de conscience.

" Il y a une vraie difficulté en termes d’offres de soins et de réseaux de soutien, d’aide aux victimes", estime la psychothérapeute (...)