Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Club de Mediapart/ Carine Fouteau Journaliste, présidente et directrice de la publication de Mediapart
Aux côtés de RSF, en défense des journalistes palestiniens ciblés par Israël
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #genocide #famine #journalistes
Article mis en ligne le 1er septembre 2025

Mediapart se joint à la campagne lancée ce lundi 1er septembre par Reporters sans frontières (RSF) et l’ONG de cybermilitantisme Avaaz pour dénoncer les meurtres de journalistes palestinien·nes à Gaza. « Au rythme où l’armée israélienne tue les journalistes dans la bande de Gaza, il n’y aura bientôt plus personne pour vous informer », affirment les plus de 150 médias qui soutiennent l’initiative.

Pour tenter d’effacer les traces de la première guerre génocidaire menée en direct sur les réseaux sociaux, Israël élimine les uns après les autres les journalistes palestinien·nes, qui, jour après jour, risquent leur vie sous les bombes, pour recueillir des témoignages et des images qui font le tour du monde. (...)

L’été a été particulièrement meurtrier pour la profession. Dans la nuit du 10 au 11 août, l’armée israélienne a tué six journalistes dans une frappe ciblée et revendiquée contre le correspondant d’Al Jazeera Anas al-Sharif (lire notre article et le parti pris d’Edwy Plenel). Ce crime collectif a été assumé par l’affirmation de l’armée israélienne, assortie d’aucun début de preuve, qu’Anas al-Sharif aurait été un chef de cellule du Hamas.

Ces derniers jours, encore, le bombardement de l’hôpital Nasser de Khan Younès, le principal établissement de santé du sud de la bande de Gaza, a fait, le 25 août, au moins vingt morts, dont cinq journalistes : Hussam al-Masri, qui travaillait pour Reuters comme caméraman, Mariam Abou Dagga, photojournaliste qui collaborait avec Associated Press, Mohammad Salama, employé par la chaîne qatarie Al Jazeera comme photojournaliste et caméraman, Moaz Abou Taha, le correspondant de la chaîne états-unienne NBC, et Ahmed Abou Aziz, reporter indépendant qui collaborait avec le média numérique Quds Feed. Journaliste pour le quotidien palestinien Al-Hayat Al-Jadida, Hassan Douhan a été tué le même jour alors qu’il se trouvait dans une tente de déplacé·es dans le village d’Al-Mawasi à Khan Younès.

Depuis février 2024, Mediapart s’efforce de montrer les visages de ce carnage qui dépasse le décompte de 200 journalistes tué·es. En accès libre, notre panoramique a été mis à jour, à la suite des dernières vagues de décès.

Selon des données militaires israéliennes obtenues par le quotidien britannique The Guardian, le média israélien Local Call et notre partenaire +972, l’offensive à Gaza a fait au moins 83 % de morts civils.

Les journalistes palestinien·nes sont les yeux et les oreilles de ces victimes de la guerre. C’est pour cette raison que l’armée israélienne, au mépris du droit international, cherche non seulement à les éliminer, mais à les éliminer au plus vite en les visant expressément.

Outre RSF, qui a déposé quatre plaintes auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre commis par l’armée israélienne, la question du ciblage est abordée frontalement par Forbidden Stories et Forensic Architecture, notamment dans son rapport sur le meurtre de la photoreporter Fatma Hassona. Disparue le 16 avril 2025, cette photojournaliste dont Mediapart a publié un portfolio est au centre d’un documentaire de Sepideh Farsi, Put Your Soul on Your Hand and Walk, à voir au cinéma à partir du 14 septembre. Ses photographies et quelques-uns de ses poèmes sont rassemblés dans un livre, Les Yeux de Gaza, publié le 24 septembre aux éditions Textuel, avec le soutien d’Amnesty International et Mediapart.

Cette insupportable hécatombe doit cesser. Il en va de la liberté d’informer, pour le présent et l’avenir. (...)