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Mediapart
Avec Koursk, l’Ukraine risque de perdre sa principale « monnaie d’échange »
#guerreenUkraine
Article mis en ligne le 11 mars 2025

Après la capture d’une fraction de la région russe en août 2024, Volodymyr Zelensky espérait procéder à un « troc de territoires ». Mais les forces de Kyiv sont en grande difficulté dans ce secteur depuis que Washington a cessé, la semaine dernière, de partager son renseignement.

(...) Sur le reculoir depuis des semaines, les forces ukrainiennes ont dû se retirer ces derniers jours de plusieurs villages situés dans le nord du saillant. L’armée russe est également parvenue à couper en deux la poche échappant à son contrôle grâce à une percée en direction de la frontière, au sud de Soudja, la principale ville du secteur.

Selon le dernier bulletin des renseignements britanniques, Kyiv ne tient plus que 300 kilomètres carrés de territoire dans la région de Koursk, soit un quart de la surface occupée au plus fort de l’opération, à la fin de l’été.

La situation sur place est « très difficile », reconnaît auprès de Mediapart un officier qui a participé à l’opération et continue de la suivre depuis sa convalescence, après avoir été blessé sur le front. « Si de nouvelles brigades sont déployées [en renfort], nous tiendrons », espère-t-il. (...)

Le groupe d’experts militaires en sources ouvertes Black Bird a publié dimanche 9 mars une analyse très pessimiste, faisant état d’unités ukrainiennes « encerclées » à certains endroits. « Plusieurs ponts de la région ont été détruits, laissant les défenseurs ukrainiens “dos aux rivières” », indique le collectif. Le général Oleksander Syrsky, commandant en chef de l’armée, a démenti lundi 10 toute « menace d’encerclement » des unités déployées dans la région de Koursk, mais a admis que le rapport de force était très défavorable à l’Ukraine et nécessitait donc l’envoi de renforts humains et matériels.

Les troupes russes cibleraient en particulier les routes de ravitaillement, pour perturber un retrait ordonné des soldats ukrainiens déployés à Koursk. La route principale entre Soumy, la grande ville ukrainienne frontalière, et Soudja est sous la menace constante des drones russes, ajoute le groupe Black Bird.

Intensification des opérations russes (...)

L’armée ukrainienne risque à présent d’être confrontée à un nouveau front dans la région de Soumy, où l’armée russe essaie de pousser son avantage depuis ce week-end. Une offensive dans cette région serait inédite depuis le printemps 2022, quand Moscou a été contraint de retirer ses forces du nord du pays après avoir échoué à s’emparer de la capitale et de l’ensemble de l’Ukraine.

En dépit de sa taille infinitésimale ramenée à la superficie de la Russie (0,01 % à son apogée), le saillant capturé par l’Ukraine dans la région de Koursk avait vocation à servir de base pour un échange de territoires, a répété depuis six mois Volodymyr Zelensky. Vladimir Poutine s’y est toujours refusé, promettant de le reprendre par la force.

Cette idée de troc de territoires ne figure pas dans la liste des propositions qu’une délégation ukrainienne de haut niveau présentera mardi à Riyad, lors d’une rencontre avec des responsables dépêchés par la Maison-Blanche, la première depuis l’altercation dans le bureau Ovale. Kyiv soumettra l’idée d’une trêve partielle « dans les airs et en mer », afin que cessent notamment les frappes ukrainiennes contre les installations pétrolières et les attaques russes contre les villes de l’arrière, qui se sont nettement accrues depuis l’investiture de Donald Trump.