
Sur la plateforme Kick, des streameurs français multiplient les humiliations physiques et psychologiques en direct tous les soirs, pour obtenir les dons des spectateurs. Un business de la maltraitance avec pignon sur rue, dont les premières victimes sont des personnes vulnérables.
« Des chiffres et des Illettrés », « Question pour un Golmon »… Ces concepts sont ceux d’influenceurs niçois qui ont développé depuis plusieurs mois des vidéos visant à se moquer des capacités mentales de leurs participants.
Ils diffusent leurs contenus sur la plateforme Kick, méconnue en France, car elle leur offre un meilleur pourcentage de rémunération que d’autres services de streaming, et qu’elle revendique une modération plus légère qu’ailleurs (lire notre article sur Kick). Avec 160 000 abonné·es et plus de 15 000 spectateurs et spectatrices en direct chaque soir, ils sont à la tête de la première chaîne française sur Kick France.
Les quatre personnes qui apparaissent le plus souvent s’appellent Naruto, Safine, JP et Coudoux. Les deux premiers ciblent volontairement les deux autres. JP, un ancien militaire, subit de nombreuses violences – strangulations, jets d’eau et de peinture. Coudoux, un homme handicapé sous curatelle (une protection juridique qui oblige certaines personnes à être accompagnées dans des démarches administratives, comme signer des contrats), est également régulièrement frappé.
Derrière leur écran, les spectateurs semblent raffoler de cette mécanique de violence, en redemandent dans le chat, et multiplient les insultes validistes (« les coto » en référence à l’acronyme « Cotorep », « le golmon », « le beluga »).
« Même si la personne consent à recevoir des coups, cela peut constituer une infraction, que la personne soit porteuse d’un handicap ou non », analyse Sophie Prétot, professeure des universités en droit privé et sciences criminelles (...)