Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
CIRAD
Ces indices qui nous permettent de voir la biodiversité
#CIRAD #biodiversite #COP16
Article mis en ligne le 1er novembre 2024
dernière modification le 25 octobre 2024

Pour élaborer les politiques de conservation, les décideurs publics se basent sur plusieurs indicateurs, comme le nombre d’espèces observés dans un écosystème. Mais ces indices, pris séparément, peuvent montrer des réalités différentes. Devant un objet aussi complexe et dynamique que la biodiversité, les gestionnaires des milieux naturels doivent donc multiplier les indicateurs pour s’assurer la réussite de leurs actions de conservation.

« La biodiversité est extrêmement difficile à observer, rappelle Antoine Becker-Scarpitta, écologue au Cirad. C’est comme une boîte noire constamment en mouvement, avec quelques ouvertures passagères qui nous laissent entrevoir une partie de la réalité : une couleur, une forme, une lumière… »

Lors de la COP16 biodiversité, qui démarre le 21 octobre en Colombie, les États membres devront se mettre d’accord sur des indicateurs de suivi de leurs engagements en matière de biodiversité. Les négociations s’annoncent loin d’être simples, comme le rappelle Sélim Louafi, directeur adjoint pour la recherche et la stratégie au Cirad. (...)

Pour aiguiller la décision publique, la recherche a pour rôle de mieux documenter cette complexité et d’en déduire des schémas explicatifs. Avec des partenaires scientifiques chinois, Antoine Becker-Scarpitta publie un article dans Journal of Biogeography qui analyse des indices de mesure de la biodiversité. Sur 67 jeux de données issus d’une cinquantaine de sites dans le monde, l’équipe en conclut que les indices ne sont pas toujours alignés. Un résultat « technique » qui a pourtant des implications profondes en termes de stratégie de conservation. (...)

Mieux comprendre la composition de la biodiversité

Regarder le nombre d’espèces sur un territoire a ses avantages. L’indice est simple à capturer et à comparer, et il donne une compréhension générale du niveau de biodiversité. Cependant, s’y arrêter risque d’aboutir à une représentation très partielle de la réalité. En parallèle, l’indice d’équitabilité des abondances donne une idée de la structure des communautés écologiques, c’est-à-dire de l’organisation entre les espèces dans un écosystème.

Par exemple, une monoculture sera représentée par un indice d’équitabilité des abondances faible, avec une seule espèce très dominante et plusieurs espèces très rares. Certaines forêts tropicales primaires, au contraire, auront un indice d’équitabilité des abondances plus élevé, avec une meilleure répartition du nombre d’individus par espèce.

Sur les sites observés dans l’article, les scientifiques remarquent que les deux indices ne sont pas corrélés. (...)

Baser des politiques de conservation sur une vision complexe et dynamique de la biodiversité peut s’avérer difficile. C’est pourtant une étape nécessaire pour établir des stratégies efficaces. L’abondance exprime la présence d’une espèce dominante, qui dans certaines situations peut être généraliste, qui potentiellement s’accommode plus facilement d’un changement écologique. (...)

L’importance des partenariats internationaux de recherche

Ce travail original a pu voir le jour grâce au partenariat scientifique avec une équipe chinoise, ainsi que des jeux de données en libre accès partagés à l’international. Pour le chercheur du Cirad, ce type de collaboration est crucial (...)