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Mediapart
Cessez-le-feu en Ukraine : Poutine répond « oui mais non »
#guerreenUkraine
Article mis en ligne le 14 mars 2025

Réagissant à la proposition d’un cessez-le-feu de trente jours soumise par l’Ukraine et les États-Unis, le président russe s’est dit « d’accord » mais a assuré qu’il restait des « questions dont [il] dev[ait] discuter » avant de l’appliquer.

Le président Vladimir Poutine, vers qui tous les regards étaient désormais tournés, a fait mine de ne pas comprendre le mot « immédiat ». Après avoir temporisé pendant deux jours, le dirigeant russe a fait savoir jeudi 13 mars qu’il était d’accord sur le principe, tout en émettant des réserves et en renvoyant à de futures discussions avec Washington. (...)

Vladimir Poutine a ensuite énuméré certaines de ces « questions », qui ne sont pas seulement des besoins de précision sur les modalités pratiques de cessez-le-feu (ce qui pourrait s’entendre), mais ressemblent bien à des réserves sur son principe même : « Les forces russes progressent dans presque tous les secteurs. [...] Comment ces trente jours seront-ils utilisés ? Pour poursuivre la mobilisation forcée en Ukraine ? Pour envoyer plus d’armes ? Pour entraîner les unités nouvellement mobilisées ? »

Le président russe a enfin réaffirmé que « cette trêve d[evai]t conduire à une paix durable et s’attaquer aux causes profondes de cette crise », semblant confondre volontairement un cessez-le-feu immédiat et sans conditions préalables et un règlement politique de long terme de la guerre – qui pourrait prendre des années et impliquer des concessions majeures de la part de l’Ukraine. (...)

Ce rejet d’un cessez-le-feu inconditionnel met le président russe dans « une position inconfortable qui risque d’irriter Trump et d’entraver les perspectives, par ailleurs prometteuses, de normalisation des relations bilatérales », a relevé peu après cette prise de parole l’analyste politique russe Tatiana Stanovaïa, tout en jugeant qu’il ne s’agissait pas d’un rejet « absolu » et que la Russie pourrait accepter un cessez-le-feu si les États-Unis acceptaient certaines conditions, comme un nouvel arrêt de l’aide militaire états-unienne à l’Ukraine.

« Je pense que nous devons discuter de cela avec nos partenaires américains », a de fait conclu Vladimir Poutine, suggérant qu’il pourrait faire part à Donald Trump de conditions préalables. (...)

La proposition de l’Ukraine et des États-Unis avait été accueillie très fraîchement, ces dernières quarante-huit heures, par les médias d’État russes et les influents « blogueurs militaires », qui chroniquent l’invasion russe de l’Ukraine depuis février 2022 et en sont les premiers soutiens.

Ces derniers expriment, sans doute plus explicitement que ne peut le faire Vladimir Poutine, les raisons pour lesquelles le Kremlin ne veut pas déposer les armes à court terme. « L’intérêt d’un cessez-le-feu de trente jours pour la Russie sans atteindre les objectifs de la SVO [l’opération militaire spéciale, terme utilisé en Russie pour parler de la guerre en Ukraine – ndlr] reste un mystère », estime le blogueur Boris Rozhin (870 000 abonné·es).

« Les criminels de guerre de Kyiv nous proposent un cessez-le-feu de trente jours, dont ils ont besoin pour se réapprovisionner en armes et regrouper les forces armées ukrainiennes. Sans un tel répit, l’armée ukrainienne s’effondrera dans les semaines à venir », juge un autre blogueur militaire régulièrement cité dans des articles de presse russes, pour qui « tout cessez-le-feu à ce stade » ne serait que « pure trahison et sabotage ».

Avant de poursuivre par une analyse complotiste (...)

Le président russe aura rapidement l’occasion de rectifier – ou non – sa réponse « incomplète » : il devrait rencontrer dans la soirée l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, arrivé en Russie jeudi.