Dans une prise de position rare, plus de 300 musiciens et musiciennes français·es et internationaux condamnent « le soutien des puissances occidentales à la politique génocidaire de l’État d’Israël, qui bafoue le droit international et ses instances en toute impunité ». Ils appellent le milieu de la musique que l’on nomme « classique » à clarifier ses positions au sujet du génocide en cours à Gaza
Elle cherche à rassembler des artistes, musicien·ne·s, travailleur·se·s du monde des musiques anciennes, baroques, classiques et contemporaines, ainsi que les institutions qui les encadrent. Celles-ci ont la responsabilité de faire entendre un positionnement sans équivoque face aux politiques impérialistes occidentales mortifères dont les conséquences accablent les peuples du monde majoritaire, et en particulier le peuple palestinien. Ce milieu doit savoir d’où il parle et veiller à ne pas se rendre complice par son silence ou son inaction.
Nous sommes pleinement conscient·es du privilège de notre position. Ainsi, nous souhaitons nous exprimer depuis là où nous sommes, avec nos moyens, et aspirons à renforcer cette mobilisation dans l’espoir qu’elle puisse infléchir les décisions des gouvernements européens et états-uniens, dont la responsabilité dans cette tragédie est immense.
La musique classique, dans son ensemble, entretient un lien indéniable avec l’histoire des États européens. Il nous semble essentiel que cette tradition ne soit pas confondue avec une certaine forme de conservatisme qui se traduirait par une récupération et une appropriation de ces musiques du passé par un camp politique affilié à la domination — qu’elle soit géopolitique, sociale ou sociétale.
Il est également important que les actrices et acteurs de ce milieu puissent affirmer leurs convictions politiques sans tabou, et surtout sans ressentir de pressions les poussant au silence, de peur d’être boycotté·e·s par les institutions dominantes ou de fragiliser un statut déjà précaire, notamment pour les jeunes musicien·ne·s.
Voici nos positions et nos réclamations urgentes :
Un cessez-le-feu immédiat à Gaza et dans toute la région, ainsi que la levée de tout blocus humanitaire.
La reconnaissance de l’État palestinien par l’ensemble des États membres de l’Union européenne, ainsi que la mise en œuvre d’une solution fondée sur un État binational.
L’arrêt immédiat des agissements complices de l’Union européenne, notamment :
- la rupture de l’accord d’association entre l’UE et Israël ;
- l’arrêt immédiat des ventes et livraisons d’armes par l’UE ;
- la mise en place de sanctions économiques contre Israël ;
- le respect et l’application du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Nous condamnons avec fermeté le soutien des puissances occidentales à la politique génocidaire de l’État d’Israël, qui bafoue le droit international et ses instances en toute impunité. Nous dénonçons également toutes les entreprises et multinationales complices qui tirent profit de cette situation humanitaire inqualifiable.
Nous dénonçons le régime d’apartheid imposé par les autorités israéliennes et soutenu par les Etats-Unis et l’Union Européenne, ainsi que les politiques et pratiques discriminatoires et terrorisantes qui en découlent : restrictions de la liberté de circulation, dépossession des terres, déplacements forcés de populations… Nous rappelons que l’apartheid constitue un crime contre l’humanité et une grave violation des droits humains selon le droit international.
Nous soutenons le peuple palestinien dans sa lutte pour l’autodétermination, ainsi que toutes les populations civiles — palestiniennes, israéliennes ou autres — qui revendiquent une égalité de droits entre les peuples de cette région.
Nous réaffirmons ici notre engagement contre toutes les formes de racisme, notamment l’islamophobie débridée, l’antisémitisme et la négrophobie. Nous dénonçons également leur inquiétante banalisation, ainsi que les discours qui les nourrissent.
Nous fustigeons également l’écocide en cours, dont la lourde responsabilité incombe aux agissements militaires du gouvernement israélien. Nous rappelons que la destruction environnementale à Gaza viole de nombreuses lois et conventions internationales censées protéger l’environnement en période de conflit armé, et que la destruction intentionnelle de l’environnement peut constituer un crime de guerre.
Nous dénonçons avec force la criminalisation et la répression exercées par les États à l’encontre des personnes et militant·e·s qui critiquent la politique du gouvernement israélien et soutiennent la cause palestinienne. Il est scandaleux de constater cette répression dans les manifestations, les collectifs, les écoles et les universités.
Il est important de réaffirmer la nécessaire distinction entre le projet colonial sioniste et la judéité, ou encore entre antisionisme et antisémitisme. Ne relayons pas les procédés abjects employés par ceux qui nous gouvernent et par certains médias qui soutiennent cette politique nauséabonde pour diviser les peuples !
Nous avons conscience des nombreuses zones d’ombre politiques que nous pouvons rencontrer. Nous reconnaissons ainsi les insuffisances de cette tribune et les problématiques qu’elle peut soulever. Elle se veut également une amorce pour engager une réflexion collective sur les questions politiques qui traversent le milieu de la musique classique.
Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël