
Comme chaque année à Versailles, Emmanuel Macron invite les grands patrons internationaux pour vanter les mérites de ses réformes et annoncer des milliards d’investissements tous azimuts. Une opération de communication qui s’essouffle.
Comme chaque année depuis huit ans, Emmanuel Macron a convié le 19 mai environ 200 patrons de grands groupes français et internationaux, tels Barclays, BASF, Hyundai, Ikea ou Siemens, sous les ors du château de Versailles, dans le cadre de son sommet Choose France – « Choisissez la France », en français.
Cette grande opération de communication, qui fleure bon l’Ancien Régime, est l’occasion pour le chef de l’État de se faire « le VRP de la France », résume au Figaro une source élyséenne, et d’annoncer tous azimuts des milliards d’euros d’investissements en France provenant de grands groupes étrangers. On parle cette année de 20 milliards.
C’est aussi, et surtout, un exercice d’autocélébration pour le chef de l’État, dans lequel il vante les mérites de la politique de l’offre menée depuis 2017, et qui a consisté à flexibiliser le marché du travail, baisser la fiscalité du capital et couper dans le modèle social. (...)
À force de battage médiatique, l’exécutif tente même de faire entrer le concept d’« attractivité » dans le champ des indicateurs économiques sérieux, au même titre que la croissance du PIB, la productivité, le chômage ou le déficit du commerce extérieur, qui lui sont moins favorables.
Que ce soit au mois de mai lors de l’organisation de Choose France, mais aussi en janvier juste avant le forum de Davos en Suisse, ou encore lors du sommet mondial sur l’intelligence artificielle organisé à Paris en février, l’exécutif met en œuvre des opérations de communication bien rodées pour se congratuler.
Avec, à l’appui, les résultats de deux « baromètres de l’attractivité de la France » du cabinet d’audit états-unien EY et de Business France (une agence publique aux mains de la Macronie), qui font état d’une hausse du nombre de projets d’investissements étrangers dans l’Hexagone depuis 2016. Preuve que « la réindustrialisation » du pays serait en marche.
L’attractivité, c’est surfait
Problème : ces baromètres restent très incomplets. Notamment parce que, comme nous l’expliquions ici et là, les chiffres qu’ils mettent en avant ne tiennent pas compte des sorties de capitaux de la France vers l’étranger. Ils ne représentent donc en aucun cas une réalité scientifique. (...)
Par ailleurs, la statistique nationale montre une tout autre réalité, sur les sujets industriels notamment (...)
En outre, il devient de plus en plus difficile de prendre l’exécutif au sérieux lorsqu’il annonce de nouveaux milliards d’euros d’investissements lors du sommet Choose France. Ce, depuis la publication d’une enquête de L’Usine nouvelle publiée en avril 2025 et qui fait un bilan des annonces du chef de l’État à Versailles.
Le mensuel a répertorié un total de 180 investissements annoncés lors des sommets Choose France depuis 2018, pour près de 45 milliards d’euros. Mais il a constaté que la communication macroniste avait souvent mis la charrue avant les bœufs.
La plupart se limitent en fait à des extensions ou à des modernisations de sites existants (...)
Pis, la liste des projets sérieusement compromis s’est gravement rallongée ces derniers mois. (...)
D’autres projets ont pris beaucoup de retard. C’est notamment le cas de ceux liés aux batteries pour voitures électriques, qui ont tous été nettement ralentis, du fait, notamment, de la conjoncture morose dans l’industrie automobile. (...)
Un constat d’échec que s’est empressé de démentir Emmanuel Macron lors d’un entretien à la presse régionale : « Depuis le début de Choose France, la plupart des projets ont été réalisés. Il n’y a que onze projets qui ont été abandonnés. Cela montre que c’est quelque chose d’efficace », a-t-il martelé.
Du reste, si Emmanuel Macron prend autant au sérieux les critiques, c’est que le succès prétendu de sa politique d’attractivité lui donnait jusqu’ici un argument d’autorité pour ne jamais remettre en cause sa politique de l’offre. Notamment ses baisses d’impôts aux grandes entreprises et aux plus riches. (...)