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Connaissance des énergies
Climat : que faut-il savoir sur la COP30 à Belém ? + En amont de la COP30 au Brésil, Lula lance un fonds inédit pour protéger les forêts tropicales
#COP30
Article mis en ligne le 8 novembre 2025

La « COP30 » désigne la 30e Conférence internationale des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette COP fait suite à la COP28 de Dubaï en 2023 et à la COP29 de Bakou qui s’est tenue fin 2024.

Date et lieu de la COP30

La COP30 aura lieu du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, capitale de l’État du Para située au nord du Brésil.

Cette ville de près de 1,5 million d’habitants se trouve dans l’estuaire des fleuves Tocantins et Pará, aux portes de la forêt amazonienne.

Le Brésil souhaite rassembler des dizaines de chefs d’États et de gouvernements les 6 et 7 novembre, en amont de la COP en raison de contraintes logistiques (avec notamment des prix de l’hébergement extrêmement élevés).

Contexte

Le Brésil, grand pays pétrolier

Le Brésil est le 8e producteur de pétrole au monde (avec 3,4 Mb/j en 2024), le principal en Amérique latine, et envisage d’augmenter encore cette production dans le futur (comme les deux précédents organisateurs des COP). Une ambition « problématique, mais pas spécifique au Brésil », note Christian de Perthuis, fondateur de la Chaire Économie du climat. « La majorité des acteurs pétro-gaziers partagent cette orientation ».

Le projet de Petrobras d’exploiter le gisement offshore de « Marge équatoriale » (qui s’étend sur 350 000 km2, à environ 500 km de l’embouchure de l’Amazone), au potentiel considérable, rencontre notamment de fortes oppositions des ONG environnementales. « On ne peut pas être un leader climatique et avoir en même temps l’intention de multiplier la production de combustibles fossiles », déplore notamment Suely Araujo, ancienne présidente de l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (Ibama) et membre du collectif brésilien d’ONG Observatoire du climat.

Ce projet est soutenu par le président brésilien Lula qui appelle à se servir de la manne pétrolière pour « financer la transition énergétique, qui coûtera très cher ». Pour autant, la secrétaire brésilienne au Climat, Ana Toni, a promis que le Brésil ne se « déroberait pas » du débat sur la sortie des énergies fossiles.

Un président de la COP non lié à l’industrie pétrolière (...)

Enjeux de la COP30

La ministre brésilienne de l’Environnement Marina Silva qualifie la COP30 de « COP des COP », alertant entre autres sur la nécessité de parvenir « avant la COP30 à un alignement sur l’urgence climatique ». Peine perdue. Même l’Union européenne, divisée, n’a pas finalisé à temps son nouvel engagement climatique à l’horizon 2035.
Réévaluation des engagements des pays

À Belém, le principal enjeu était censé être la réévaluation des engagements de réduction d’émissions figurant dans les contributions déterminées au plan national (NDC) pour la troisième période quinquennale d’application de l’accord de Paris (2026-2030), souligne Christian de Perthuis. (...)

Selon l’ONU Climat, seuls 10 des près de 200 signataires de l’accord de Paris de 2015 avaient soumis leur stratégie actualisée de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2035 avant la date limite du 10 février 2025.

Lors de la COP30, il ne faut ainsi « pas s’attendre à des gros titres ou à des accords sur des gros sujets clinquants », juge Marta Torres-Gunfaus, du groupe de réflexion Iddri.
Bilan 10 ans après la COP21

L’objectif de « neutralité » carbone ou de « net-zéro », énoncé à l’article 2 de l’accord de Paris s’est « imposé comme une boussole guidant les stratégies de long terme des États et des grandes entreprises ». Mais le système des contributions déterminées au plan national censé poser des cibles intermédiaires « ne fonctionne pas correctement », constate Christian de Perthuis.

« Le système de gouvernance multilatéral semble plus faible que jamais et on ne voit guère comment les financements climatiques internationaux pourront être multipliés par trois d’ici 2030 avec le retrait des États-Unis qui étaient devenus sous la présidence de Biden le premier bailleur de fonds. La seule bonne nouvelle vient du côté de l’économie, avec la baisse historique des coûts des énergies de flux (éoliens et solaires) devenues compétitives par rapport aux énergies fossiles pour la fourniture d’électricité, et, demain, dans d’autres secteurs grâce à l’électrification des usages ».
Problématiques de la présidence brésilienne

La présidence brésilienne compte porter « deux problématiques complémentaires : l’arrêt de la déforestation d’ici à 2030 et la mise en place de ressources financières dédiées à la finance climat (taxe internationale sur les patrimoines et/ou taxe sur les billets d’avion). Un rehaussement des ambitions sur la déforestation est envisageable, facilité par la mise en place des mécanismes de finance carbone adoptés à Bakou (articles 6.2 et 6.4 de l’accord de Paris) », précise Christian Perthuis, qui juge toutefois une avancée sur les ressources financières dédiées « improbable dans le contexte international actuel ».
Une délocalisation de la COP30 un temps envisagée

En juillet 2025, RFI s’est fait l’écho dans un article(1) des craintes d’une « forme de spéculation climatique » autour de la COP30, avec une flambée des prix des hôtels et des locations d’appartements à Belém. Le président autrichien a entre autres renoncé à se rendre à la COP30 à cause du prix des hôtels.

En réaction, l’organisation de la COP30 a notamment annoncé la location de deux bateaux de croisières pourvus de milliers de cabines, pour proposer des prix réservés (autour de 200 € la nuit) aux « petites » délégations. (...)

« Je sais quels sont les problèmes de Belem », avait reconnu sur place le Président Lula en octobre 2025, soulignant dans le même temps l’importance de « montrer au monde ce qu’est l’Amazonie ». (...)

Lire aussi :

 ( France 24)
En amont de la COP30 au Brésil, Lula lance un fonds inédit pour protéger les forêts tropicales

À quelques jours de l’ouverture de la COP30 à Belém, au Brésil, le président Lula a lancé jeudi un fonds d’un nouveau genre destiné à préserver les forêts tropicales. Plusieurs pays, dont la France, ont d’ores et déjà annoncé d’importantes contributions financières.

Le président brésilien Lula a lancé, jeudi 6 novembre, un fonds inédit destiné à préserver les forêts tropicales, auquel plusieurs pays ont déjà annoncé des contributions dépassant les cinq milliards de dollars, en prélude à la COP30 à Belém.

Cette Facilité de financement des forêts tropicales (TFFF) "sera l’un des principaux résultats concrets" de la conférence de l’ONU sur le climat, a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva lors du lancement officiel.

Le coup d’envoi donné dans cette ville aux portes de l’Amazonie brésilienne est tout un symbole, alors que la plus grande forêt tropicale de la planète joue un rôle majeur contre le réchauffement climatique via l’absorption de carbone.

Le Brésil s’est déjà engagé à apporter un milliard de dollars au TFFF, sur les 25 milliards qu’il espère récolter auprès de gouvernements "sponsors". (...)

L’Indonésie contribuera aussi à hauteur d’un milliard de dollars, a-t-on indiqué de source brésilienne.

La Norvège, elle, a proposé jeudi d’allouer jusqu’à 3 milliards de dollars sous conditions.

Emmanuel Macron est venu annoncer à Belém que la France apporterait "d’ici 2030 un soutien supplémentaire de 500 millions d’euros qui pourrait être contribué à la TFFF".

L’Allemagne contribuera aussi mais n’a pas donné de montant, selon des sources proches du gouvernement.

Le Portugal participera à hauteur du montant symbolique d’un million d’euros.

"Rien qu’avec ce qui a été annoncé ici, nous avons déjà dépassé la moitié de ce que nous envisagions pour la fin de l’année prochaine", a célébré le ministre des Finances du Brésil, Fernando Haddad, en conférence de presse.

"Nous sommes très enthousiastes qu’à la COP, pour la première fois, un instrument de résolution des problèmes environnementaux puisse effectivement se concrétiser", a-t-il ajouté.

Le WWF a salué un lancement "historique". Pour cette ONG, ce fonds "change la donne" pour "la nature et la finance climatique". (...)

Objectif cent milliards (...)

"Un tel fonds qui va permettre de nous aider vient à point nommé", a affirmé à l’AFP Abe Assamoi, représentant de la Côte d’Ivoire à la COP au Brésil, dont le pays s’est fixé pour objectif d’avoir 20 % de son territoire en forêt.