Vous trouverez ci-dessous la déclaration commune signée par les Secrétaires généraux et générales, président, et co-déléguées générales de la CFDT, FO, CFE-CGC, UNSA, FSU et Solidaires affirmant leur solidarité avec Sophie BINET, Secrétaire générale de la CGT, inquiétée par la justice suite à l’usage d’un dicton populaire dans le débat social.
Ce texte réaffirme l’attachement commun à la liberté d’expression syndicale, notre refus de voir les échanges sociaux déplacés devant les tribunaux, ainsi que la détermination à dénoncer les comportements irresponsables de certains dirigeants économiques. Il rappelle également que la véritable force de notre économie repose sur les travailleuses et travailleurs qui, chaque jour, maintiennent "le navire à flot malgré les tempêtes."
Nous, secrétaires générales, secrétaire généraux, président, co-déléguées, et responsables d’organisations syndicales, apprenons que Sophie BINET, Secrétaire Générale de la CGT, est inquiétée par la justice pour avoir usé d’un dicton imagé et bien ancré dans la sagesse populaire face à l’attitude de certains dirigeants économiques.
Nous refusons l’hypocrisie. Nous refusons que le débat social se tranche dans les prétoires.
À l’attention de ces chefs d’entreprises qui s’offusquent des mots tout en méprisant les actes : n’est-il pas violent de menacer de quitter le « vaisseau France » après avoir accumulé des fortunes grâce aux aides publiques, aux infrastructures et au système éducatif de notre pays ?
Considérant que les véritables héros de notre économie sont les « marins » — les travailleurs et travailleuses — qui s’activent avec constance pour faire avancer le navire, même dans la tempête ; Considérant que menacer de l’abandonner au moindre coup de vent budgétaire relève d’une ingratitude civique profonde ; Nous l’affirmons, « Les rats quittent le navire », n’est pas une injure, mais le constat amer d’un comportement irresponsable. Elle illustre une réalité : celle de la fuite des capitaux et des responsabilités face à l’effort collectif.
Si qualifier ainsi la déloyauté envers la Nation est un délit, alors nous sommes toutes et tous coupables de clairvoyance.
C’est sereinement et solidairement que nous attendons la réaction des esprits chagrins, dont la préoccupation devrait être de rendre des comptes à la collectivité plutôt que de bâillonner la parole syndicale.
Nous faisons nôtre cette liberté de ton.
Marylise Léon (secrétaire générale de la CFDT)
Frédéric Souillot (secrétaire général de FO)
François Hommeril (président de la CFE CGC)
Laurent Escure (secrétaire général de l’UNSA)
Murielle Guilbert (co-déléguée générale Solidaires)
Julie Ferrua (co-déléguée générale Solidaires)
Caroline Chevé (secrétaire générale de la FSU)
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– (France Info)
La secrétaire générale de la CGT était l’invitée de la matinale de France Inter ce mardi 2 décembre, à l’occasion de la journée de mobilisation contre le projet de budget du gouvernement.
La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a été mise en examen après avoir comparé des grands patrons menaçant de délocaliser à des "rats" qui "quittent le navire", révèle-t-elle mardi 2 décembre sur France Inter. Fin janvier, elle avait réagi aux propos du patron du groupe LVMH, Bernard Arnault, qui estimait que le projet de surtaxe du gouvernement "poussait à la délocalisation", en estimant que "ses propos sont à l’image du comportement des grands patrons aujourd’hui qui coulent le pays", qui "n’en ont plus rien à faire de la France (...). Moi, j’ai envie de dire : les rats quittent le navire."
Le mouvement patronal Ethic, présidée par Sophie de Menthon, avait déposé plainte contre elle pour "injures publiques", jugeant que Sophie Binet avait porté sur les chefs d’entreprises un "jugement de valeur négatif qui entache nécessairement leur honneur et leur réputation". (...)
"J’ai découvert que j’étais mise en examen suite à ces propos. J’étais extrêmement choquée parce qu’en disant cela, je n’ai fait que mon travail de syndicaliste, à savoir dénoncer les délocalisations et dénoncer les inégalités de répartition des richesses et le fait que les milliardaires payent toujours moins d’impôts et ne se sentent plus responsables de l’emploi en France, de l’intérêt général et de la participation au bien-être du pays", réagit Sophie Binet. Son expression était "une image populaire, se défend la secrétaire générale de la CGT. Je pense que c’est important dans le débat public qu’on puisse parler sans langue de bois", ajoute-t-elle.
Les multinationales sont "un handicap" pour la France (...)
"Je trouve que c’est grave qu’on ne puisse plus tenir ces propos dans les médias sans être attaqué et avoir une procédure en justice", déplore enfin la patronne de la CGT.