
Sans surprise, la secrétaire nationale sortante a été réélue dès le premier tour du congrès des Écologistes avec 73 % des suffrages exprimés. Avec ses nouveaux statuts et sa cheffe connue, le parti dispose d’un exécutif fort et cohérent. Mais il lui manque encore un programme pour réellement imposer l’écologie dans le débat public.
Tous les membres du secrétariat exécutif, qui assure les fonctions régaliennes, ont été élus dès le premier tour – excepté le porte-parole homme – et sont proches de la secrétaire nationale.
Il y a une logique à cette réélection dans un fauteuil de l’élue d’opposition à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Celle-ci s’est fait un nom depuis la constitution du Nouveau Front populaire (NFP), dans lequel elle a joué un rôle pour fédérer les partis, effaçant l’ardoise des élections européennes de 2024 marquées par la désunion et le mauvais score de Marie Toussaint. Marine Tondelier a depuis percé médiatiquement et s’est imposée comme une porte-voix de l’union la plus large possible de la gauche et des écologistes à la présidentielle de 2027. (...)
Même si la personnalisation qui l’entoure commence à faire grincer des dents en interne et si elle a essuyé des critiques des courants minoritaires l’accusant de « verrouiller » le parti, elle a donc fait campagne avec le vent dans le dos, son soutien étant fort tant parmi la plupart des cadres du parti – comme l’ancien secrétaire national David Cormand – que parmi les militant·es historiques et la nouvelle vague militante arrivée après le NFP.
« C’est assez rare dans la vie des partis. Nous sommes très fiers de ce résultat qui témoigne d’une confiance renouvelée des militants », a déclaré Marine Tondelier lors d’une conférence samedi 19. (...)
Avoir un exécutif fort n’est cependant pas en soi dénué d’intérêt pour Les Écologistes : non seulement la direction pourra mettre en application sa feuille de route sans difficultés, mais le parti pourra aussi avoir un poids important, indépendamment de ses groupes parlementaires, qui ont parfois eu tendance à s’autonomiser dans l’histoire des Verts. C’est un avantage pour la vie militante du parti. (...)
Réarmement doctrinal
Cependant, la normalisation des Écologistes a mis en lumière leur faille principale par rapport aux partis frères dont ils s’inspirent : le programme. « S’il y a un manque à identifier, c’est moins la présidentialisation du parti que l’absence de ce document référence pour tout le monde. Comment faire en sorte de montrer que la galaxie écolo a tiré les leçons des “gilets jaunes”, qu’elle opère un virage social, populaire, par exemple, sans ce texte ? », souligne un dirigeant associatif qui suit de près les débats internes aux Écologistes.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Marine Tondelier s’est engagée à un « réarmement doctrinal » du parti. Si celui-ci dispose de quarante commissions thématiques et s’est récemment doté d’un « pôle projet », il n’a pas de texte de référence comme « L’Avenir en commun » pour LFI et se contente de renouveler un programme présidentiel tous les cinq ans, alors que certains de ses cadres, comme David Cormand ou Alain Lipietz, ont écrit des livres entiers de théorie politique.
Or, dans un contexte de retour de bâton idéologique anti-écolo, un tel texte pourrait être un point d’appui dans la bataille médiatique permettant de visibiliser les constantes et les évolutions du parti sur des sujets qui innervent en permanence le débat public. (...)
de nombreux sujets liés à l’écologie font débat jusque dans les familles, comme les zones à faibles émissions (ZFE), la taxe carbone, les enjeux sociaux de la transition écologique, l’ouverture de mines de lithium pour assurer la transition énergétique… Et au-delà des sujets purement écologistes, l’évolution de la situation géopolitique met sous tension tous les partis, qui ont intérêt à mettre en scène leurs doutes et leurs prises de décision : sur l’Otan, le réarmement de l’Europe ou encore la mise à disposition de la dissuasion nucléaire française, par exemple.
Les Écologistes, qui espèrent avoir gagné en efficacité avec leurs nouveaux statuts, ne peuvent donc faire l’économie de cette nouvelle étape, qui pourrait qui plus est être l’occasion de faire la démonstration de leur culture démocratique. Sans perdre de vue qu’avoir un programme clair peut donner du pouvoir de négociation pour un programme commun.