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Contrecarrer les imaginaires d’extrême droite : l’Appel des librairies indépendantes
#electionslegislatives #frontpopulaire #extremedroite #librairies
Article mis en ligne le 20 juin 2024
dernière modification le 18 juin 2024

« Dans nos diversités, nous œuvrons tous les jours pour faire de nos librairies des lieux de rencontre, de culture, de mise en avant de voix invisibilisées et de la variété du travail éditorial francophone. » Un ensemble de libraires indépendant·es et de commerçant·es de proximité appelle à soutenir le Nouveau Front Populaire : « quelle que soit l’issue du vote du 7 juillet, la bataille des imaginaires continuera, elle sera probablement plus âpre encore, et nous comptons bien y prendre toute notre part. »

Nous, libraires indépendant·es antifascistes de France, avons comme une grande partie du pays appris avec effarement la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, sonné·es par la perspective de la formation d’un gouvernement d’extrême droite qu’elle a brutalement rendue possible.

Nous qui défendons la diversité éditoriale plutôt que son regroupement idéologique, qui célébrons la multiplicité des récits et des savoirs plutôt que leur soustraction, nous qui par nos choix défendons une vision plus compréhensive du monde dans sa grande et belle complexité culturelle, nous sommes, comme des millions de citoyen·nes, bouleversé·es et mobilisé·es contre la possibilité de subir des années de gouvernance fascisante dont nous ne doutons pas de la violence immédiate.

Nous savons bien qu’au-delà d’un résultat aux élections européennes, les forces réactionnaires sont à l’œuvre depuis des années, et certain.es d’entre nous ont déjà eu à subir des actes violents et d’intimidation de la part de leurs militant.es. (...)

C’est un des privilèges de notre métier, nous rencontrons et échangeons avec une très grande variété de personnes. Combien de fonctionnaires, de personnels hospitaliers, d’éducateur·ices spécialisé·es, nous ont raconté depuis des années l’effondrement des institutions dans lesquelles iels travaillaient ?

Cette politique d’atomisation des individus a souvent été doublée d’une plus insidieuse fabrique de l’ignorance : par l’affaiblissement de l’école publique et de l’université où sont allègrement piétinés les objectifs d’égalité et d’ouverture, mais aussi souvent par l’étouffement d’institutions culturelles.

Nous avons déjà pu apercevoir comment bon nombre de théâtres dans la région Rhône-Alpes ont vu leur subvention fondre voire disparaître de manière aussi soudaine que violente, par la seule volonté d’un responsable politique. La fusion des télévisions et radios publiques qui était préparée par le dernier gouvernement n’était que la nouvelle étape de cet appauvrissement des savoirs partagés. (...)

Dans nos librairies, le constat est aussi sans appel : chaque mois les forces réactionnaires s’expriment dans de nombreuses publications. Nous sommes révolté.es de constater que ceux qui détiennent de nombreux médias propageant des idées d’extrême droite sont également ceux qui possèdent de puissants groupes éditoriaux. Ceux-là même sont capables de dégager, sur une radio de grande écoute, une équipe entière pour installer un triste clown aux idées nauséabondes.

Cette manière de faire est déjà à l’œuvre pour imposer de nouvelles directions à de grandes maisons d’édition. Mais derrière notre crainte de l’emprise de Vincent Bolloré sur une partie du champ éditorial, nous sommes obligé·es de constater que nombre d’autres groupes ont joué à divers degrés avec le feu du scandale raciste par cynisme mercantile.

Nous faisons partie d’un écosystème littéraire qui sait lui aussi protéger, rémunérer, porter aux nues des auteur·ices islamophobes, antisémites, transphobes, misogynes ou pédocriminels. (...)

Les projets de l’extrême droite et de ses supplétifs ne relèvent pas du débat d’idées, ils menacent des vies. (...)

Quelle que soit l’issue du vote du 7 juillet, la bataille des imaginaires continuera, elle sera probablement plus âpre encore, et nous comptons bien y prendre toute notre part.