
(...) En Uruguay, les expériences autogestionnaires sont diverses et suscitent des débats intéressants, dont nous pourrions nous inspirer en Europe. Mais surtout, le projet de « centre d’innovation sociale et d’autogestion » montre la capacité des organisations à travailler en synergie et à valoriser une autre logique de production.
Lors d’une réunion qui s’est déroulée le 24 avril dernier à Montevideo, le PIT-CNT a promu la création d’un centre d’innovation sociale et d’autogestion. Cette proposition entend renforcer l’articulation entre les syndicats, les coopératives et les entreprises récupérées afin de renforcer l’économie sociale et solidaire (ESS) en Uruguay. L’initiative vise à influencer les politiques publiques, à soutenir les entreprises autogérées par les travailleur-se-s et à promouvoir de nouvelles formes de développement fondées sur la justice sociale, la démocratie du travail et la durabilité. Au cours de cette réunion, le directeur social du Fonds de développement – Institut national du coopérativisme (FONDES-INACOOP), Carlos Aulet, a présenté cette nouvelle proposition de collaboration syndicale dans le cadre de l’économie sociale et solidaire (ESS). L’objectif principal du Centre culturel pour l’innovation sociale et l’autogestion (CCISA), consiste à créer un espace clé pour la formation, la systématisation des expériences et la promotion de modèles économiques alternatifs basés sur l’autogestion, la coopération et l’équité. La proposition prévoit également l’installation d’un bureau de soutien technique et administratif, qui fournira une assistance aux entreprises dans leur gestion quotidienne, ainsi que dans la recherche de financement, grâce à l’utilisation d’outils numériques, de plate-formes collaboratives et de conseils juridiques, comptables et stratégiques.
Dans ce cadre, il est proposé d’articuler un réseau d’organisations telles que la Fédération des coopératives de production de l’Uruguay (FCPU), l’Association nationale des entreprises récupérées par leurs travailleurs (ANERT) [1], le Comité de coordination de l’économie solidaire de l’Uruguay (CES), la Fédération uruguayenne des coopératives d’habitation pour l’aide mutuelle (FUCVAM) [2] et l’Université de la République (UDELAR), afin de renforcer la formation, l’assistance technique et la construction collective de connaissances sur la base d’expériences autogérées.
Les objectifs spécifiques du PIT-CNT se déclinent ainsi :
- accompagner la mise en œuvre de la loi sur l’ESS,
- concevoir des propositions basées sur la participation sociale et l’articulation avec les coopératives,
- promouvoir la formation syndicale en mettant l’accent sur l’ESS,
- documenter et rendre transparentes les expériences développées,
- promouvoir les entreprises solidaires avec des critères d’efficacité et de viabilité économique.
La proposition a un fort contenu de plaidoyer dans les politiques publiques. L’ensemble du projet est basé sur les principes du travail décent et de la participation collective, promus par l’Organisation internationale du travail (OIT). (...)
Parfois, pour les travailleurs salariés, il s’agit d’un défi culturel majeur ». « Dès notre naissance, nous sommes formatés à l’idée que c’est le capital qui gère, alors que nous travaillons à l’usine, au bureau, à l’atelier ou sur le terrain. Nous travaillons avec nos mains, avec notre tête, nous utilisons des outils, mais nous suivons des instructions. C’est l’enseignement que nous avons reçu. Changer cette logique n’est pas simple ». Il a également remis en question le discours dominant qui tend à discréditer les entreprises autogérées. « Il y a un discours installé qui condamne à l’échec toute initiative autogérée ou coopérative menée par des travailleurs. C’est pourquoi il est essentiel de mettre l’accent sur l’éducation, la formation et, surtout, le changement culturel ».
Malgré ces préjugés, il existe de nombreux exemples de réussite, tant au niveau national qu’international. (...)