
(...) Depuis la dernière sécheresse qui, en 2016-2017, avait frappé le petit territoire de 374 kilomètres carrés, la crise est demeurée inextricable.
Consultés par Le Monde, des échanges entre la préfecture et le syndicat des eaux, des documents judiciaires, un audit de la Commission européenne et divers rapports de cabinets de conseil mettent en évidence l’impuissance des pouvoirs publics dans le 101e département français : face à une catastrophe prévisible, l’Etat n’a pas pris la main, tout en poussant sur le marché un acteur majeur, le groupe Vinci, qui n’a pas pu respecter son contrat. (...)
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– (l’Humanité 20 octobre 2023)
Mayotte : la crise de l’eau, un scandale d’État ?
Délégation de service public à Vinci entachée de conflits d’intérêts, contrats pour la désalinisation non respectés, gestion du syndicat des eaux pointée du doigt par la justice… Des documents révélés par Le Monde mettent en lumière les dessous du scandale de l’eau qui frappe Mayotte et comment l’État a laissé filer.
De l’eau, un jour sur trois et pour 18 heures seulement. Une situation intenable dénoncée par les habitants de Mayotte, qui subissent de nouvelles restrictions depuis le 11 octobre. « Je comprends l’exaspération mais cela est le fait de tant d’années où les choses n’ont pas été faites », se défend le ministre des Outre-mer, Philippe Vigier qui s’est rendu dans l’archipel de l’océan Indien fin septembre pour annoncer quelques mesures supplémentaires, complétées par Élisabeth Borne début octobre. Pas de quoi convaincre les syndicats mahorais qui ont déclenché une grève pour le respect d’un droit élémentaire : « de l’eau potable et gratuite pour tout le monde ». Un minimum que la République devrait assurer.
Des marchés raflés par Vinci
Mais, elle a au contraire laissé s’installer ce scandale de l’eau qui frappe aujourd’hui Mayotte de plein fouet : d’une délégation de service public à une filiale de Vinci pas exempte de conflits d’intérêts, à des contrats pour augmenter les capacités de l’usine de désalinisation non respectés, en passant par une gestion du syndicat des eaux pointée du doigt par la justice. Et ce sans que les services de l’État ne mettent le holà. C’est ce que mettent en lumière des documents révélés par Le Monde, ce vendredi. (...)