
Bonjour, notre ami le grand écrivain Abel Prieto, ancien ministre de la Culture de Cuba, actuel directeur de la Casa de las Américas à La Havane, et toute son équipe font circuler cette lettre : « Lettre ouverte au président Joe Biden », que j’ai écrite « pour exiger du président des États Unis qu’il retire Cuba de la liste infâme des pays soutenant le terrorisme » avant la fin de son mandat. Merci de la lire.
Si tu es d’accord, ajoute ta signature.
Et demande aux personnalités que tu connais de la signer également.
Ensemble, nous pouvons y arriver. Cuba et son peuple héroïque ont besoin de notre soutien et le méritent.
Envoie ton nom, prénom, profession ou activité à l’adresse électronique suivante :
casadelasamericas2024 chez gmail.com
MERCI !
Ignacio Ramonet
LETTRE OUVERTE D’IGNACIO RAMONET AU PRÉSIDENT JOE BIDEN
« Retirez Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme ! »
(...) au nom d’un grand nombre de personnes, de mouvements sociaux, de syndicats, d’associations humanitaires et d’organisations non gouvernementales à travers le monde qui signent cette lettre avec moi et qui attendent un geste de votre part en vue de réparer une profonde injustice commise le 12 janvier 2021 par votre prédécesseur, Donald Trump, lorsque, quelques semaines avant de quitter la Maison Blanche, il a décidé – sans véritables bases juridiques – de réinscrire Cuba sur la liste infâme des États soutenant le terrorisme (liste SSOT pour son sigle en anglais).
Monsieur le Président, comme vous le savez, cette liste SSOT est un mécanisme de politique étrangère, conçu par le Secrétariat d’État (ministère des Affaires étrangères) des États-Unis visant à sanctionner les pays qui « soutiennent de manière répétée des actes de terrorisme international ».
Monsieur le Président, dans un acte de justice et de lucidité politique, l’administration du président Barack Obama, dont vous étiez membre, avait retiré Cuba de cette liste déshonorante en 2015, ce qui a représenté un pas très positif pour forger, enfin, une relation plus constructive avec La Havane. Durant le gouvernement de Barack Obama, alors que vous étiez vice-président des États-Unis, il a en effet été possible d’avancer vers une normalisation des relations diplomatiques entre deux voisins aux systèmes politiques différents, mais désireux de se comprendre sur la base du respect mutuel.
Monsieur le Président, vous n’êtes pas sans savoir que Cuba a toujours dénoncé et combattu le terrorisme. Elle ne l’a jamais encouragé ou parrainé. Elle ne l’a jamais pratiqué. Depuis 65 ans, malgré les tensions qui ont pu exister entre les États-Unis et Cuba, on ne peut pas citer un seul cas d’action violente survenue sur le territoire étasunien qui aurait été parrainé, directement ou indirectement, par La Havane. Pas un seul cas ! En revanche, Cuba a été l’un des pays les plus attaqués par des organisations terroristes. Plus de 3 500 citoyens cubains sont morts lors d’attentats commis par des groupes terroristes financés, armés et entraînés par des organisations violentes basées, pour la plupart, aux États-Unis. En d’autres termes, c’est le monde à l’envers. Et vous le savez.
Monsieur le Président, vous n’ignorez pas non plus qu’en ayant inclus Cuba – injustement – sur cette liste SSOT, de nombreuses et douloureuses mesures coercitives unilatérales sont appliquées à ce pays et à sa population innocente. Les conséquences les plus atroces proviennent du risque associé à tout type d’aide humanitaire, affaires, investissements et commerce qui impliquerait Cuba et, par extension, ses citoyens. (...)
tout cela s’ajoute aux terribles conséquences du cruel et illégal blocus économique, commercial et financier contre Cuba que le gouvernement de votre pays maintient depuis plus de 60 ans – ignorant la position claire de la communauté internationale et les résolutions successives de l’Assemblée générale des Nations unies –, dans le but de provoquer une situation de pénurie et de mécontentement au sein du peuple cubain qui conduirait à des manifestations contre les autorités cubaines.
Monsieur le Président, un tel dessein agressif, responsable de tant de douleur et tant d’épreuves à la population civile innocente de Cuba, a atteint, au cours de cette dernière décennie, – comme votre propre épouse Jill Biden a pu le constater lors de sa visite surl’île en octobre 2016 – des dimensions punitives inhumaines. Le peuple cubain est privé d’accès à de nombreux biens et ressources de base : médicaments, nourriture, matériaux de construction, engrais, énergie, machines industrielles, pièces de rechange qui ne peuvent pas être importés du fait que Cuba figure sur cette liste. La vague migratoire actuelle d’expatriés cubains vers les États-Unis, d’une ampleur sans précédent, est peut-être l’exemple le plus illustratif de l’impact dévastateur et de la souffrance causée par les mesures extrêmes et brutales contre l’économie cubaine résultant à la fois du blocus criminel et de l’inclusion injuste de Cuba sur l’infâme liste SSOT. (...)
vous n’ignorez pas non plus qu’en mai 2024, le Département d’État a pris la décision de retirer Cuba de la liste des « États qui ne coopèrent pas à la lutte contre le terrorisme ». Une décision sage et juste. Malgré cela, et de manière contradictoire, incongrue, confuse et injustifiable, votre administration s’obstine à maintenir Cuba sur la liste SSOT, celle des États soutenant le terrorisme. Comment est-il possible d’affirmer, en même temps, qu’en effet Cuba coopère à la lutte globale contre le terrorisme, et d’accuser en même temps La Havane de soutenir ouvertement le terrorisme ? La meilleure façon de clarifier cette contradiction est de retirer immédiatement Cuba de la liste SSOT. (...)
Cuba n’est pas seulement un promoteur de la paix et de la santé, mais, comme aucun autre pays, elle promeut également l’éducation, comme l’a largement reconnu l’UNESCO elle-même. Des milliers d’enseignants et de professeurs cubains sont intervenus dans des dizaines de pays pour combattre l’analphabétisme et encourager la scolarisation de millions de filles et de garçons. C’est tout le contraire de la « promotion du terrorisme »… (...)
Monsieur le Président, en 2021, peu après votre arrivée à la Maison-Blanche, plusieurs hauts fonctionnaires de votre administration ont promis de réexaminer l’inscription de Cuba sur la liste SSOT. En octobre 2022, votre propre Secrétaire d’État, Anthony Blinken, a réitéré cette promesse. En 2023, quarante-six membres du Congrès, dont de nombreux démocrates, vous ont adressé une lettre vous demandant de tenir cette promesse. En juin 2024, lors de la 56e période de sessions du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, dans une déclaration commune, pas moins de 123 pays ont exigé la même chose de votre gouvernement. Or, malgré les promesses et ces sollicitations aussi importantes, vous continuez à ne rien faire pour mettre fin à cette injustice scandaleuse.
Monsieur le Président, cette situation doit cesser. (...)
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