
Les eaux de surface des océans du globe atteignent sans interruption, depuis mars 2023, des températures jamais enregistrées auparavant.
Voilà maintenant un an que l’océan global ondule en terrain inconnu. Depuis le 13 mars 2023, la température moyenne à la surface des océans bat quotidiennement des records, selon les données de l’Agence atmosphérique et océanique américaine (NOAA), traduites en courbes sur la plateforme Climate Reanalyzer de l’Université du Maine (États-Unis). Le 10 mars 2024, les eaux de surface mondiales atteignaient, toujours selon le NOAA, 21,2 °C. Du jamais-vu à cette période de l’année.
Les services météorologiques européens tirent eux aussi la sonnette d’alarme. (...)
Un coup d’œil à la carte mise au point par les experts donne une idée de la gravité de la situation (...)
L’Atlantique nord, en particulier, a connu une année hors norme. (...)
« Les océans absorbent une très grande partie de l’excès de chaleur dans l’atmosphère, ce qui se traduit par leur réchauffement constant d’une année sur l’autre. » (...)
À ce dérèglement d’origine humaine s’est superposée, en 2023, la perturbation naturelle El Niño. Ce phénomène climatique, qui réapparaît tous les trois à sept ans, s’est traduit par un réchauffement du Pacifique tropical. El Niño devrait normalement s’éclipser à la mi-2024, faisant légèrement redescendre le thermomètre. Du moins à court terme. (...)
Le réchauffement des océans a des conséquences majeures sur les sociétés humaines, le système climatique et la biodiversité. Il est notamment parmi les principaux responsables de l’élévation du niveau des mers, souligne Thibault Guinaldo. (...)
« Lorsque l’eau est plus chaude, il y a davantage d’évaporation, signale également Laurent Bopp. Il y a un lien entre la température de l’eau de mer, l’abondance de l’eau dans l’atmosphère et, donc, les épisodes de précipitations extrêmes sur les continents. » Ce phénomène est notamment documenté en Méditerranée. (...)
La vie marine paie elle aussi un lourd tribut. Plus l’eau est chaude, moins elle peut contenir d’oxygène, poursuit l’océanographe. Cela peut durement affecter le développement des poissons. (...)
À cela s’ajoutent les épisodes de blanchiment massif des coraux. (...)
« Ce qu’on voit aujourd’hui, ce sont peut-être les prémices d’un bouleversement complet de l’habitabilité de l’océan. »
Seul espoir de mettre au pas ce phénomène meurtrier : « couper nos émissions de gaz à effet de serre », rappelle Thibault Guinaldo. « C’est la principale cause du réchauffement, et celle sur laquelle on peut jouer. »