
1. Fanon et la décolonisation du marxisme : briser l’universalisme eurocentré
Frantz Fanon, dans Les Damnés de la terre (1961), déconstruit le marxisme classique en soulignant son aveuglement colonial[^1]. Pour lui, le prolétariat des colonies subit une double aliénation (de classe et de race), irréductible aux schémas européens[^2]. Contre l’universalisme abstrait, Fanon prône une distension du marxisme :
- Violence libératrice : Rupture nécessaire avec l’ordre colonial, restaurant l’agentivité des opprimés[^3].
- Réinvention théorique : Intégration des luttes antiracistes et anticoloniales comme moteurs centraux de l’émancipation, au-delà de la seule lutte des classes[^4].
2. Malcolm Ferdinand : décoloniser l’écologie, penser la « double fracture »
Dans Une écologie décoloniale (2019), Malcolm Ferdinand révèle comment l’environnementalisme occidental occulte l’histoire esclavagiste et coloniale[^6]. Sa notion de double fracture désigne la séparation artificielle entre crises écologiques et questions coloniales (...)
3. Silvia Rivera Cusicanqui : décoloniser le pouvoir, réhabiliter les savoirs autochtones
La sociologue bolivienne Silvia Rivera Cusicanqui prolonge Aníbal Quijano en analysant la colonialité interne des États post-indépendance[^10] :
- Colonialisme à deux faces : Persistance des structures de domination via l’État-nation (marginalisation des indigènes) et alliances avec les puissances néocoloniales[^11].
- Décolonisation radicale : Valoriser les ontologies relationnelles andines (ayni, réciprocité) et les formes de gouvernance communautaire, contre le multiculturalisme de façade[^12]. (...)
Synthèse : vers une écologie politique décoloniale
Croiser Fanon, Ferdinand et Rivera Cusicanqui révèle des impensés communs :
- Critique de l’universalisme : Qu’il soit marxiste ou environnementaliste, il reproduit des schémas coloniaux[^14].
- Centralité du territoire : Les luttes pour la terre (déchets, extractivisme, autonomie indigène) relient écologie et décolonisation[^15].
- Réhabilitations épistémiques : Les savoirs autochtones et caribéens comme alternatives aux logiques de prédation[^16].
(...)