
Au Salon du Bourget, à Paris, de nombreux stands vendent des armes, notamment ceux d’Israël. Une coalition d’associations et d’ONG dénonce un « Salon du génocide ».
De grands draps noirs cachent des armes de guerre. Le 16 juin, premier jour du Salon du Bourget, les visiteurs n’ont pas pu accéder à cinq stands d’industriels de l’armement israéliens, masqués juste avant l’ouverture de ce grand-rendez-vous de l’industrie aéronautique et spatiale à Paris.
Les stands fermés sont ceux de Israel Aerospace Industries (IAI), Rafael et Elbit, qui produisent notamment des bombes guidées et des missiles, et ceux de UVision et Aeronautics, qui fabriquent des drones.
Les organisateurs assurent avoir exécuté « une instruction émanant des autorités françaises compétentes », selon Franceinfo. Interrogé à ce sujet, le Premier ministre a expliqué que seules les armes « défensives » étaient autorisées sur les stands, mais pas les armes « offensives », visiblement présentes sur celui de l’État hébreu. Dans cet événement créé en 1909, les visiteurs peuvent effectivement voir de nouveaux modèles d’avion dédiés au transport commercial, mais aussi des appareils destinés à l’armée — la défense, l’armée et l’aéronautique étant liées.
« Des marchands de mort »
Pour la coalition Guerre à la guerre, ces draps noirs ne sont « qu’un écran de fumée qui vient au dernier moment masquer les coopérations historiques et profondes entre l’État français et l’État israélien ». Plus de 30 millions d’euros de matériels de guerre ont été vendus par la France à Israël en 2023.
Rassemblant une vingtaine d’organisations antiracistes, anticoloniales, anti-impérialistes et féministes, cette coalition a organisé une conférence de presse devant le Salon le 16 juin. Objectif : dénoncer la militarisation grandissante de la France et demander la libération de la Palestine (...)
Ils organisent du 20 au 22 juin toute une série de mobilisations à Bobigny pour dénoncer « cette économie de la guerre ». (...)
Certaines associations membres de la coalition avaient déposé un recours juridique demandant de bannir du Bourget les entreprises israéliennes, au nom du risque de perpétuation de « crimes internationaux ». Leur requête a été rejetée et elles ont été condamnées à verser 9 000 euros aux organisateurs.
« Une décision d’autant plus inéquitable que cette structure affiche un chiffre d’affaires de plusieurs millions d’euros, tandis que nos associations, souvent en déficit, peinent à survivre financièrement », déplorent-elles dans un communiqué. Elles prévoient de se pourvoir en cassation.
926 exposants affiliés au secteur de la défense (...)
Pour pointer ces relations commerciales et ces contrats qui seront probablement signés au Bourget, Amnesty International a créé un faux site baptisé le « Salon du génocide ». But de l’opération : « Dénoncer le double discours des autorités françaises et assurer la fin des livraisons d’équipements militaires à Israël. »
Le dernier rapport de l’Observatoire des armements rappelle que les entreprises russes avaient été exclues du Salon du Bourget en 2023. Face à « l’accumulation des crimes commis », l’Observatoire a demandé le lancement d’une commission d’enquête parlementaire. « Un dispositif seul à même d’évaluer notre responsabilité collective dans les horreurs qui se produisent à Gaza, estime l’institut, et de mettre fin à notre complicité. »