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Deux destins, une même lutte : des voix de la presse derrière les barreaux honorées par le Prix Sakharov 2025
#Libertedelapresse #prixSakharov
Article mis en ligne le 24 octobre 2025
dernière modification le 23 octobre 2025

Un prix emblématique pour la liberté de pensée

Chaque année, le Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit rend hommage à celles et ceux qui défendent les droits humains, la liberté d’expression et les valeurs démocratiques. Créé en 1988, il a été décerné pour la première fois à Nelson Mandela et à Anatoli Martchenko. Cette distinction, dotée aujourd’hui de 50 000 €, constitue la plus haute reconnaissance accordée par l’Union européenne aux actions en faveur des droits de l’homme et de la liberté de pensée.

Décerné par le Parlement européen, le prix sera officiellement remis le 16 décembre 2025 à Strasbourg, bien que les deux lauréats soient actuellement détenus.

Il récompense deux journalistes emprisonnés : Andrzej Poczobut, en Biélorussie, et Mzia Amaglobeli, en Géorgie.

Leur parcours illustre la répression croissante des médias indépendants dans des contextes politiques où la démocratie demeure fragile et constamment menacée.

Mzia Amaglobeli, symbole d’une Géorgie européenne en lutte

Âgée de 50 ans, Mzia Amaglobeli est une figure majeure du journalisme d’investigation géorgien et la première femme prisonnière politique en Géorgie depuis l’indépendance du pays. Cofondatrice des médias indépendants Batumelebi et Netgazeti, elle s’est fait connaître pour ses enquêtes sur la corruption, le gaspillage de l’argent public et les abus de pouvoir dans un paysage médiatique de plus en plus polarisé.

Le 12 janvier 2025, lors d’une manifestation post-électorale à Batoumi, elle est arrêtée et accusée d’avoir giflé un chef de la police. (...)

Pour protester contre sa détention, Amaglobeli a mené une grève de la faim de quarante jours, avant d’y mettre fin pour des raisons de santé.
Reporters sans frontières a dénoncé une peine « symbole du glissement autoritaire à l’œuvre en Géorgie » depuis l’arrivée au pouvoir du parti Rêve géorgien.
Amnesty International a, de son côté, évoqué un procès « entaché de violations de procédure et de partialité », accusant la police d’avoir exercé des violences physiques et verbales à son encontre.

Amaglobeli figurait également parmi les finalistes du Prix des droits de l’homme Václav Havel, décerné par le Conseil de l’Europe, remporté cette année par le journaliste ukrainien Maxime Boutkevitch, libéré après sa détention par les forces russes. (...)

Andrzej Poczobut, la voix réduite au silence en Biélorussie

Journaliste, essayiste et blogueur issu de la minorité polonaise en Biélorussie, Andrzej Poczobut est depuis des années l’une des voix les plus courageuses contre le régime d’Alexandre Loukachenko.

Arrêté à plusieurs reprises, il purge depuis 2021 une peine de huit ans de prison dans une colonie pénitentiaire. Les ONG dénoncent des conditions inhumaines : isolement, absence de soins médicaux, interdiction des visites.

En Biélorussie, la répression contre les médias indépendants s’est intensifiée depuis les manifestations de 2020. Des milliers d’arrestations, la fermeture de nombreuses rédactions et une surveillance étroite des journalistes ont étouffé toute voix critique. Poczobut est devenu un symbole vivant. (...)

L’annonce des lauréats a eu lieu aujourd’hui 22 octobre 2025 à Strasbourg, après une sélection finale comprenant trois candidatures :

  • Andrzej Poczobut et Mzia Amaglobeli,
  • les journalistes et travailleurs humanitaires en Palestine et dans les zones de conflit,
  • les étudiants serbes mobilisés depuis la tragédie de Novi Sad.
    (...)