
Ils disent avoir dû payer des milliers d’euros pour venir travailler dans le Vaucluse. Logés dans une maison sans eau ni électricité, ils n’auraient reçu presque aucun salaire. Une enquête est ouverte pour « traite d’êtres humains » et « travail dissimulé ».
Malemort-du-Comtat (Vaucluse).– Vendredi 2 février, les premiers virements sont enfin tombés. 5 000 euros pour certains, 2 000 ou 1 000 pour d’autres. Cela faisait des mois que Driss, Mustapha, Ismaël et leurs collègues attendaient d’être payés pour des mois de travail. Au vu des longues heures effectuées, le compte est encore loin d’y être.
À Malemort-du-Comtat, à 35 kilomètres à l’est d’Avignon, ces dix-sept ouvriers agricoles marocains, âgés de 21 à 47 ans, survivent sans aucun revenu dans une maison en construction. Le 28 octobre, quand leur travail saisonnier a été terminé, leur employeur, l’entreprise De Rigoy, leur a coupé l’eau et l’électricité, sans leur payer ce qui leur était dû.
« Nous ne faisons rien, nous sommes bloqués. Nous n’avons pas d’autorisation pour travailler ailleurs. C’est très difficile pour nos familles, elles n’ont plus d’argent. Elles souffrent encore plus que nous », s’exclamait quelques jours avant le premier virement Mustapha, 36 ans. « Tout le monde prend des médicaments, on a été très affectés psychologiquement », renchérit Driss.– Vendredi 2 février, les premiers virements sont enfin tombés. 5 000 euros pour certains, 2 000 ou 1 000 pour d’autres. Cela faisait des mois que Driss, Mustapha, Ismaël et leurs collègues attendaient d’être payés pour des mois de travail. Au vu des longues heures effectuées, le compte est encore loin d’y être.
À Malemort-du-Comtat, à 35 kilomètres à l’est d’Avignon, ces dix-sept ouvriers agricoles marocains, âgés de 21 à 47 ans, survivent sans aucun revenu dans une maison en construction. Le 28 octobre, quand leur travail saisonnier a été terminé, leur employeur, l’entreprise De Rigoy, leur a coupé l’eau et l’électricité, sans leur payer ce qui leur était dû.
« Nous ne faisons rien, nous sommes bloqués. Nous n’avons pas d’autorisation pour travailler ailleurs. C’est très difficile pour nos familles, elles n’ont plus d’argent. Elles souffrent encore plus que nous », s’exclamait quelques jours avant le premier virement Mustapha, 36 ans. « Tout le monde prend des médicaments, on a été très affectés psychologiquement », renchérit Driss. (...)
La société De Rigoy ayant été placée en redressement judiciaire en décembre, c’est finalement un mandataire judiciaire qui a commencé à effectuer les premiers versements. Mais l’entreprise agricole doit toujours fournir les bulletins de paie et les attestations de travail.
Chaîne de solidarité
Le 8 janvier, trois autres salariés ont obtenu en référé le paiement de leur salaire et des heures supplémentaires. « Trois autres sont renvoyés pour un jugement au fond car ils n’avaient pas de contrat de travail », précise le défenseur syndical. Une dernière audience s’est tenue le 15 décembre, avec un jugement prévu le 15 avril. (...)
Pour l’heure, la situation des dix-sept ouvriers reste précaire. Ce n’est que le 20 novembre que les Restos du Cœur ont été informés de leur situation et qu’un petit collectif de bénévoles de diverses associations s’est organisé.
« Quand nous avons vu dans quelles conditions ils vivaient, nous en aurions pleuré. Ils n’avaient que des matelas à même le sol, pas de draps, ni couverture, ni oreiller. La plupart n’avaient que des habits d’été », se souvient Élizabeth, bénévole au Secours catholique. (...)
Les dix-sept habitants de la maison sont arrivés en France légalement, avec un contrat saisonnier supervisé par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), qui permet de venir travailler entre trois et six mois par an en France.
Ils sont originaires de la province de Taza, une région montagneuse dans le nord-est du Maroc. Pour avoir le droit de travailler en France, la quasi-totalité affirme avoir dû verser au Maroc 100 000 ou 120 000 dirhams (environ 9 200 et 11 100 euros). Des sommes qu’ils disent avoir remises au père de Rachid T., franco-marocain.
L’un des saisonniers a vendu son salon de coiffure, un autre sa voiture, un troisième a sacrifié cinq ans d’économies… Tous se sont endettés auprès de leurs familles ou de leurs amis. (...)
Les dix-sept habitants de la maison sont arrivés en France légalement, avec un contrat saisonnier supervisé par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), qui permet de venir travailler entre trois et six mois par an en France.
Ils sont originaires de la province de Taza, une région montagneuse dans le nord-est du Maroc. Pour avoir le droit de travailler en France, la quasi-totalité affirme avoir dû verser au Maroc 100 000 ou 120 000 dirhams (environ 9 200 et 11 100 euros). Des sommes qu’ils disent avoir remises au père de Rachid T., franco-marocain.
L’un des saisonniers a vendu son salon de coiffure, un autre sa voiture, un troisième a sacrifié cinq ans d’économies… Tous se sont endettés auprès de leurs familles ou de leurs amis. (...)
Une fois en France, les promesses étaient loin d’être tenues. (...) des heures de travail qui s’enchaînent bien au-delà de la durée légale maximale. Parfois loin du métier de travailleur agricole (...) Le patron n’a pas fait qu’oublier les salaires. « Quand j’ai voulu demander ma carte vitale, la Mutualité sociale agricole [MSA] m’a dit que je n’avais pas été déclaré l’année dernière », s’emporte Boujemaa. Faute d’attestation de logement de son employeur, il ne peut pas non plus ouvrir de compte bancaire.
La situation d’hébergement indigne qui est celle des dix-sept salariés a été officiellement constatée, et la préfecture a proposé des places d’hébergement d’urgence pour l’ensemble des saisonniers. (...)
Aujourd’hui, ils sont accompagnés par le Collectif de défense des travailleurs étrangers dans l’agriculture (Codetras) des Bouches-du-Rhône, où ils ont été domiciliés administrativement.
« Si cette situation est exceptionnelle par la taille du groupe de salariés concernés et sa cohésion, ces pratiques sont en revanche malheureusement fréquentes et concernent au minimum des centaines de salariés chaque année », alerte Jean-Yves Constantin, membre du Codetras.