
Samedi, jour de l’anniversaire de Donald Trump, Washington a été le théâtre d’une grande parade militaire, pour le plus grand bonheur du président américain. Pendant ce temps-là, des centaines de manifestations baptisées "No Kings" (Pas de rois) ont été organisées à travers les États-Unis pour protester contre l’"autoritarisme" du chef de l’État.
Il en rêvait, il l’a obtenue. Donald Trump s’est montré ravi de la grande parade militaire organisée samedi 14 juin à Washington lors d’une journée marquée par de vastes manifestations contre sa politique à travers le pays.
Dans une atmosphère alourdie par le meurtre d’une élue locale samedi matin et le conflit au Moyen-Orient, parade militaire d’un côté et défilés protestataires de l’autre ont souligné à quel point les États-Unis sont profondément divisés. (...)
malgré le défilé de véhicules blindés et de chars d’assaut, la foule faisait preuve d’un enthousiasme mesuré, ont constaté des journalistes de l’AFP. La Maison Blanche a avancé le chiffre de 250 000 spectateurs. (...)
Cette démonstration de force est inhabituelle aux États-Unis, où le dernier défilé militaire d’envergure remontait à 1991, après la Guerre du Golfe. Et si officiellement cette manifestation célébrait les 250 ans de l’Armée de Terre, le fait qu’elle se déroule le jour des 79 ans de Donald Trump était particulièrement significatif, alors que le républicain ne cesse de repousser les limites du pouvoir présidentiel.
"No Kings"
Le pays a également été le théâtre samedi de centaines de manifestations baptisées "No Kings" (Pas de rois) pour protester contre l’"autoritarisme" de Donald Trump et "la militarisation de notre démocratie". Des centaines de milliers d’opposants à Donald Trump sont descendus dans les rues.
Ainsi à New York, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées sur la 5e avenue malgré la pluie, dans une ambiance bon enfant. (...)
"Il est essentiel pour nous de montrer que la démocratie est encore forte dans ce pays, que les gens le ressentent. Nous voulons aussi montrer à nos enfants que, lorsque nous penserons à cette période de l’histoire où la démocratie était menacée, nous avons choisi de participer", a déclaré à l’AFP Vikas Mehta, médecin de 45 ans venu manifester avec sa femme et leurs deux enfants.
À Los Angeles, après des rassemblements contre les arrestations brutales d’immigrés, les milliers de manifestants ont défilé sous le regard des militaires envoyés par Donald Trump pour tenter de juguler les violences. Les membres de la Garde nationale, qui surveillent certains bâtiments, ont été hués par le cortège, mais n’ont pas répondu. (...)
Des tirs lors d’une manifestation samedi à Salt Lake City, dans l’ouest du pays, ont fait un blessé grave, a indiqué la police. "Nous pouvons confirmer que les tirs ont fait un blessé grave. Le patient a été transporté à l’hôpital avec des blessures potentiellement mortelles", a déclaré la police de Salt Lake City sur les réseaux sociaux, précisant qu’une personne avait été interpellée.
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– (Mediapart)
Los Angeles : malgré la présence de l’armée, les mobilisations continuent
Dans la ville de Californie, des centaines de personnes manifestent tous les jours depuis une semaine contre les arrestations de travailleurs sans-papiers. Jeunes pour la plupart, elles-mêmes issues de l’immigration, elles parlent pour ceux qui n’ont pas de voix : leurs parents. (...)
Depuis plusieurs jours, les opérations de la police américaine de l’immigration (ICE) se sont accélérées à Los Angeles et dans les petites villes ouvrières des alentours, y compris sur les lieux de travail des immigré·es, des espaces jusqu’ici relativement épargnés par les autorités. À Huntington Park, où réside une large communauté latino, et ailleurs à Los Angeles, dans le Fashion District notamment, ces opérations ont déclenché une immense colère et des vagues successives de protestations. (...)
Le président Donald Trump a beau avoir envoyé sur place des milliers de militaires, la Garde nationale et les Marines, rien n’y fait : depuis une semaine à Los Angeles, des centaines de personnes manifestent tous les jours, plusieurs heures par jour, contre les arrestations de travailleurs et travailleuses sans-papiers. Dans la foule réunie jeudi devant l’hôtel de ville, beaucoup de jeunes marchent dans le calme, sous un magnifique ciel bleu. Certain·es sortent à peine du lycée.
Ils et elles encerclent différents bâtiments fédéraux, en particulier le Metropolitan Detention Center, où sont précisément écroués les sans-papiers. Une grande partie des jeunes manifestant·es appartient à la communauté latino. Sur leurs pancartes, écrites au feutre, des phrases simples – en espagnol – résument parfaitement la situation : « Ma famille s’est battue pour mon avenir, maintenant c’est mon tour. » (...)
À Los Angeles, paradoxalement, ce huis clos qui a donné lieu certains jours à des heurts violents, avant la mise en place d’un couvre-feu, pourrait presque passer inaperçu. En dehors du quartier de Downtown, où se situe le complexe fédéral, la vie suit tranquillement son cours. Seul le bruit des hélicoptères et les sirènes des voitures de police semblent trahir la mobilisation des jeunes.
À la télévision, au contraire, les manifestations sont partout. On parle de « crise », de « chaos », surtout sur les chaînes d’informations conservatrices. C’est dans cette ambiance étrange, très calme et très tendue, que s’insère outre-Atlantique la nouvelle phase de la politique anti-immigration de Donald Trump. (...)
« L’administration Trump, qui a fait du contrôle de l’immigration la priorité de sa campagne, tente désormais d’expulser un million de personnes par an. Pour atteindre ce chiffre, elle utilise tous les outils possibles et imaginables », explique à Mediapart Stephen Yale-Loehr, ancien professeur de droit à l’université de Cornell.
« L’administration va partout aujourd’hui, poursuit-il, y compris sur des lieux jugés jusqu’ici sensibles – églises, salles d’audience, école, etc. – et mobilise d’autres agences fédérales, comme le FBI ou les polices locales. En parallèle, elle tente de collecter des informations auprès de ses différents organismes afin de se constituer une base de données, pour faciliter l’identification des citoyens sans-papiers. »
Répression contre une « ville sanctuaire »
Le fait que Washington concentre ses efforts en Californie n’est pas un hasard. Cet état du sud-ouest, baigné par l’océan pacifique, est l’État qui compte le plus d’immigré·es sans-papiers dans le pays : 1,8 million de résident·es sans titres de séjour, selon les chiffres du Pew Research Center. À elle seule, la ville de Los Angeles abrite presque la moitié d’entre elles et eux (800 000 personnes). Le fait que le président Trump y rencontre une forte résistance n’est pas non plus une surprise.
La Californie et Los Angeles, terres de gauche, ont adopté un statut de « ville sanctuaire » qui limite le partage d’informations et de ressources entre les autorités locales et la police fédérale de l’immigration. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, possible candidat démocrate à la présidentielle de 2028, a ainsi rapidement émergé comme l’une des principales voix de l’opposition. (...)
Dans les rues de Los Angeles, la bataille des images et des récits laisse les jeunes manifestant·es indifférent·es. Ils et elles viennent désormais équipés de sacs en plastique, des sacs de congélation, avec à l’intérieur des bouteilles d’eau, des masques – pour les lacrymogènes – et des bouchons d’oreilles. « L’administration nous surveille, mais nous la surveillons aussi », explique un jeune manifestant dont la famille est originaire du Mexique.
« Nous prenons des photos des interventions de l’ICE, de la police, nous les postons sur les réseaux sociaux et sur n’importe quel autre support disponible pour alerter les gens, ajoute-t-il. Parce qu’il y a des pères et des mères de famille qui disparaissent. Ils sont kidnappés. Pendant des semaines après les arrestations, les familles sont laissées sans nouvelles. » (...)
– (France24)
États-Unis : une élue démocrate abattue avec son conjoint à son domicile, un autre élu blessé
Amériques
Une représentante démocrate de l’État du Minnesota, Melissa Hortman, et son mari ont été abattus à leur domicile samedi. Un autre élu et son épouse ont été blessés par balles. Le gouverneur de cet État, Tim Walz, a dénoncé un "assassinat politiquement motivé". (...)
Le suspect, qui s’est présenté à leur domicile habillé comme un membre des forces de l’ordre, est activement recherché.
Une "chasse à l’homme impliquant des centaines de policiers" est en cours, a annoncé lors de cette conférence de presse Mark Bruley, le chef de la police de Brooklyn Park, une commune dans la banlieue nord de Minneapolis.
Melissa Hortman était une élue démocrate de la Chambre des représentants du Minnesota et en était son ancienne présidente.
Un second élu démocrate, le sénateur local John Hoffman, et son épouse Yvette, "ont été touchés par de nombreux tirs". Ils ont été opérés, et "nous sommes raisonnablement optimistes sur le fait qu’ils vont survivre à cette tentative d’assassinat", a encore déclaré Tim Walz.
"Un discours politique apaisé est au fondement de notre démocratie. Nous ne réglons pas nos conflits à coups de pistolet", a dit, ému, le gouverneur, ancien colistier de la candidate démocrate Kamala Harris à l’élection présidentielle de novembre 2024. (...)
La ministre américaine de la Justice, Pam Bondu, a vivement dénoncé l’assassinat samedi, ajoutant que le FBI, la police fédérale, était sur place. "Cette horrible violence politique ne sera pas tolérée", a-t-elle déclaré sur X.
Donald Trump a également condamné une attaque "terrible".
Cette attaque contre ces deux élus du Minnesota intervient dans un climat politique tendu, alors que Donald Trump a, fait rarissime, mobilisé des milliers de militaires face à des manifestations contre sa politique migratoire à Los Angeles. (...)