Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Club de Mediapart
Douarnenez : pour le droit au logement, contre la touristification de nos littoraux : Tribune à signer
#Douarnenez #lesRochesBlanches #profit #resistances
Article mis en ligne le 17 septembre 2025
dernière modification le 14 septembre 2025

« Un exemple de résistance populaire à la touristification de nos littoraux et à la prédation immobilière de nos villes » : à Douarnenez, les Roches Blanches, lieu d’hospitalité et d’entraide, projet culturel et écologique « préservé de la dictature du profit » est aujourd’hui menacé par un rachat. Un collectif de citoyen·nes, collectifs, associations, universitaires, élu·es, journalistes, artisans, artistes, leur expriment leur solidarité.

Nous, citoyen·nes, collectifs et associations, universitaires, élu·es, journalistes, artisans, artistes, apportons notre soutien aux habitant·es du squat des Roches Blanches. À Douarnenez, sur la côte du Finistère, ils et elles sont un exemple de résistance populaire à la touristification de nos littoraux et à la prédation immobilière de nos villes.

Ils et elles habitent depuis plus de 15 ans des bâtiments, perchés sur les falaises et surplombant l’océan, qui sans eux aurait été livrés à l’abandon. Mais en juillet 2025, ils et elles apprennent par la presse qu’ils seront mis aux enchères le 3 septembre de la même année. Ce lieu est en liquidation judiciaire suite à une faillite, depuis plus de vingt ans. Aucun investisseur immobilier ne s’était intéressé à cette ancienne colonie de vacances, fermée depuis 2005 avant d’être occupée par le collectif en 2010. Mais le mandataire judiciaire n’a pas songé, évidemment, à le céder aux propriétaires d’usage à un prix abordable. Non, après vingt ans de gentrification, chaque mètre carré du littoral se monnaie à prix d’or, pour être converti en complexe hôtelier, espace naturel touristique, ou autre investissement rentable. (...)

Depuis qu’ils et elles le savent, les habitant·es s’organisent pour acheter collectivement ce lieu et le faire sortir du marché de la spéculation immobilière. C’est la seule manière à ce jour de légaliser leur présence et d’éviter une expulsion, pour ces personnes qui ont déjà connu la violence institutionnelle qui frappe les plus précaires. Qu’ils et elles puissent rester dans ce lieu qui leur appartient, et qu’il ne soit vendu à personne d’autre ! Honte à ceux qui se positionneront sur cette vente, avec plus de moyens mais des projets délétères. (...)

Un lieu d’hospitalité et d’entraide, préservé de la prédation immobilière

En France aujourd’hui, 330 000 personnes vivent à la rue, 1,8 million de ménages sont en attente d’un premier logement social et les locataires les plus modestes du parc privé dépensent près de la moitié de leur revenu dans leur loyeri. Les logements abordables sont de plus en plus rares et pour cause : les logiques spéculatives font exploser le nombre de logements vacants (3 millions) ; la gentrification pousse les loyers à des niveaux inabordables. Les grandes métropoles sont touchées, mais aussi les petites villes touristiques, surtout celles de nos littorauxUn lieu d’hospitalité et d’entraide, préservé de la prédation immobilière

En France aujourd’hui, 330 000 personnes vivent à la rue, 1,8 million de ménages sont en attente d’un premier logement social et les locataires les plus modestes du parc privé dépensent près de la moitié de leur revenu dans leur loyeri. Les logements abordables sont de plus en plus rares et pour cause : les logiques spéculatives font exploser le nombre de logements vacants (3 millions) ; la gentrification pousse les loyers à des niveaux inabordables. Les grandes métropoles sont touchées, mais aussi les petites villes touristiques, surtout celles de nos littoraux (...)

Dans ce contexte délétère, les Roches est un lieu d’accueil essentiel pour celles et ceux qui ne trouvent ni logement, ni hébergement dans la ville. C’est un de ces rares endroits où on peut habiter sans avoir à verser de loyer à un rentier, ou de taux d’intérêt à une banque. Alors que la ville est de plus en plus ségréguée, réservant les logements du littoral aux classes supérieures en vacances, les Roches nous rappellent que les plus précaires aussi ont droit à la vue sur mer. Qu’ils et elles ont droit d’habiter dignement et que, très certainement, ils et elles traitent bien mieux le littoral qu’un promoteur. Toute l’année, les habitant·es des Roches s’organisent collectivement pour sécuriser et entretenir leurs bâtiments exposés aux vents (...)

Les Roches blanches, c’est aussi un lieu d’accueil pour les personnes en galère. Celles et ceux qui sont en détresse psychologique ou qui se battent avec des addictions. Celles et ceux qui subissent les jugements dans les institutions du social ou qui n’y trouvent tout simplement pas de place. Celles et ceux qui, en difficulté administrative, sont exclus des dispositifs d’hébergement, du parc d’habitat social et du marché privé du logement. Pour toutes ces personnes, les Roches est un lieu pour se restaurer, se mettre à l’abri, trouver un toit mais aussi une aération et une écoute. Aujourd’hui, alors que l’État social est plus que jamais défaillant dans ses missions d’accueil et d’assistance et que les services municipaux sont sous-dotés, il fait partie de ces initiatives citoyennes qui jouent un rôle primordial : Même le Centre communal d’action sociale renvoie les personnes en précarité vers le squat. Défendons ce lieu d’entraide auto-organisé, qui fait primer les valeurs de l’hospitalité et de l’entraide !

Un projet culturel et écologique, préservé de la dictature du profit

Les Roches Blanches, c’est aussi un lieu où humains et non humains cohabitent : poules, chiens, chats, chèvres et moutons s’y côtoient. C’est un lieu où l’on apprend que la production agricole peut se faire dans le respect de la nature et du vivant, sans tomber sous la dictature de l’industrie agro-alimentaire. (...)

Il accueille aussi des ateliers équipés, pour s’entraîner à la musique, à la danse, et au spectacle vivant dans toutes ses formes.

Tant d’artistes y sont venus pour se former, exposer, préparer leurs tournées, avant de jouer à Douarnenez, en Bretagne, en France, à l’international. À l’heure où l’art est de moins en moins accessible et où les statuts de nos artistes sont mis à mal, défendre les Roches, c’est aussi défendre une culture démocratique et populaire !

Tant de personnes y sont passées, aussi, pour y apprendre et y exercer un métier. À l’heure où les formations et le matériel deviennent inabordable, défendre les Roches, c’est également défendre l’artisanat et le droit de chacun·e d’exercer librement son travail !

Enfin, tant de projets collectifs y ont vu le jour ou sont passés par-là pour se structurer. (...)

Vendre ce bien à des investisseurs, c’est livrer ces ateliers à une démolition certaine et exposer cet endroit préservé de la côte à la prédation immobilière. C’est aussi exposer ces habitant·es à une expulsion et à une nouvelle précarité, loin des dynamiques d’experérimentation de vivre ensemble enclenchées ces dernières années. Nous nous y opposons fermement. Pour des littoraux vivants, hospitaliers et solidaires : longue vie aux Roches Blanches !