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Douze corps de migrants retrouvés à la frontière entre le Maroc et l’Algérie
#Maroc #Algerie #migrants #immigration
Article mis en ligne le 16 décembre 2025

Début décembre, 12 migrants - originaires de Guinée Conakry, du Cameroun et du Nigeria - ont été retrouvés morts de froid et de faim dans le nord du Maroc près de la zone frontalière avec l’Algérie. Depuis 2017, plus de 76 décès ont été recensés dans cette zone, selon l’Association marocaine d’aide aux migrants en situation vulnérable (AMSV).

(...) Le 6 décembre, l’Association d’aide aux migrants en situation vulnérable (AMSV), basée à Oujda, ville proche de la frontière algérienne, s’est rendue dans la province de Jerada après avoir reçu des informations faisant état de victimes, a aussi expliqué à l’AFP son président, Hassan Ammari.

"Le délégué provincial du ministère de la Santé à Jerada nous a confirmé la présence de six corps", a-t-il dit. Le 12 décembre, lors d’une nouvelle visite de l’association dans la région, "six autres corps ont été découverts", a-t-il indiqué. Un décompte de 12 corps confirmé à InfoMigrants par l’Association marocaine des droits humains (AMDH).

Les dépouilles ont été retrouvées à différents endroits, de Touissit à Ras Asfour, près de la ville d’Oujda, au nord-est du Maroc, précise Hassan Ammari à InfoMigrants. Les victimes seraient originaires de Guinée Conakry, du Cameroun et du Nigeria, selon l’AMSV. (...)

Les morts ne sont pas rares dans cette zone. En décembre 2022, sept migrants subsahariens avaient déjà été retrouvés morts dans la même zone de Ras Asfour près de la ville d’Oujda, au nord-est du Maroc. Quelques jours plus tard, le 21 décembre, le cadavre d’un jeune homme âgé de 20 à 25 ans était découvert au même endroit, rapporte l’agence de presse espagnole EFE.
Un "fossé de la mort" côté algérien

Selon Hassan Ammari de l’AMSV, la présence d’un fossé côté algérien est aussi responsable de décès dans la zone. Profond de 4,5 mètres de large sur 4 mètres de profondeur, il jouxte un haut grillage côté marocain. Le fossé se remplit d’eau quand les rivières proches débordent par temps de pluie.

"Les migrants [tombent dans ce fossé parce qu’ils] se déplacent la nuit dans l’obscurité totale [pour essayer de franchir la frontière], ils ne peuvent même pas allumer les lampes de leur téléphones portables pour ne pas être repérés par les militaires", explique à son tour Omar Naji de l’AMDH.

"C’est un fossé de la mort", destiné notamment à "empêcher tout passage", explique Hassan Ammari, les personnes se noient en raison de la boue qui empêche toute remontée. En 2021, Driss Elaoula, membre de l’ONG Alarm Phone basée à Oujda, avait fait une macabre découverte : au fond d’un de ces fossés gisait le corps d’une jeune Camerounaise, "congelée".

Depuis 2017, plus de 76 décès ont été recensés dans cette zone, selon l’AMSV, parmi lesquels des migrants aussi originaires du Tchad et du Soudan.

Hassan Ammari a alerté "les autorités marocaines et algériennes sur la dangerosité de ce fossé" depuis 2018, appelant au respect du "droit à la vie".