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Observatoire des multinationales (ODM)
Du GUD à l’A69 : Bernard Carayon, ou la droite béton
#A69 #BernardCarayon #droite #extremedroite #multinationales
Article mis en ligne le 23 juin 2025
dernière modification le 21 juin 2025

Sans surprise, il fut l’un des premiers à se féliciter de l’autorisation de la reprise des travaux sur le chantier de l’A69, décidée par le Cour administrative d’appel de Toulouse, le 28 mai dernier.

le maire de Lavaur, une commune de 10 000 habitants dans le sud-ouest du Tarn, à une quarantaine de kilomètres de Toulouse, a la gâchette facile lorsqu’il s’agit de défendre le projet d’autoroute, dont il se fait volontiers le héraut sur les chaînes d’info en continu. « Décroissants archaïques », « bobos pacsés à l’ultragauche », ou encore « extrémistes pro-Hamas » : les opposants à l’A69 ont dû s’habituer aux outrances verbales de celui qui est par ailleurs avocat (...)

Dans ce même tweet victorieux du 28 mai, Bernard Carayon interpelle le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, l’enjoignant « d’ assurer strictement la sécurité des ouvriers et des entreprises de notre chantier face aux #écoloterroristes ». La manœuvre est également politique, tout juste dix jours après la victoire de ce dernier à la présidence des Républicains. Car Bernard Carayon est aussi le champion d’une autre cause : l’union des droites. L’an passé, après avoir ardemment soutenu l’alliance avec l’extrême-droite aux législatives sous l’égide d’Éric Ciotti, il fut l’un des tous premiers à le rejoindre dans l’aventure politique de l’UDR (Union des Droites pour la République), suite à son départ de la présidence des Républicains. (...)

Au service des multinationales

Au-delà des effets de manche, les vitupérations de Bernard Carayon sur l’A69 reflètent aussi une autre facette du personnage : son engagement inconditionnel pour les grandes entreprises et pour discréditer leurs opposants. (...)

Du GUD à Ciotti (...)

Et puis il y a le projet d’autoroute A69, encore elle, pour laquelle Pierre Fabre s’est engagé personnellement, plaidant sa cause au plus haut sommet de l’État jusqu’à sa mort. L’industriel a pu compter sur le relais précieux de Bernard Carayon tout au long de ses années à l’Assemblée nationale. Ce que le politologue Emmanuel Négrier, spécialiste de l’extrême-droite dans la région Occitanie, appelle « un député d’entreprise » : « Comme naguère le sénateur Louis Souvet, ancien cadre chez Peugeot, et d’autres, ce sont des élus qui profitent de la représentation nationale pour défendre des intérêts privés avec lesquels ils sont en totale connivence sur leur territoire. » (...)

C’est peu dire que les questions de genre semblent tout particulièrement hérisser Bernard Carayon. Fin 2021, ce dernier avait ainsi fait voter une délibération modifiant le règlement intérieur de la ville, afin de proscrire l’utilisation de l’écriture inclusive – « cet usage loufoque, importé des États-Unis par la pseudo-culture woke » – dans le journal municipal ou les actes administratifs. Une opposante politique raconte la « misogynie ordinaire » : « Les remarques déplacées sont monnaie courante. Il a déjà essayé de m’expliquer que les inégalités hommes-femmes provenaient de l’acte sexuel : c’est la ‘géographie des corps’, selon lui, qui justifierait les rapports de domination… » (...)

« Un agent de l’extrême-droitisation des esprits »

En juin 2023, Bernard Carayon a mené campagne contre le projet d’installation d’un CADA (Centre d’accueil de demandeurs d’asiles, ndlr) dans la commune tarnaise de Réalmont. Face aux manifestations de Patria Albiges, un groupe néofasciste en plein essor à Albi, et devant la crainte d’un nouveau « scénario à la Saint-Brévin » [10], les pouvoirs publics flanchent et abandonnent le projet en annonçant répartir les réfugiés sur l’ensemble du territoire. Nouveau coup de semonce de Bernard Carayon qui se fend d’un courrier adressé à tous les maires du département pour les enjoindre à refuser l’arrivée de « dizaines de milliers de migrants (sic), séjournant jusqu’à présent, irrégulièrement ou non, dans la région parisienne ». Une position qu’il développa par ailleurs dans une chronique sur Boulevard Voltaire, un média d’extrême-droite où il a ses habitudes : « Il faut être macroniste ou mélenchoniste pour rêver de faire vivre aux autres les joyeusetés de la banlieue à la campagne. » (...)

« Les manifestations d’activisme fasciste – les campagnes d’affichage « On est chez nous » de Génération identitaire, les milices d’extrême-droite sur le barrage de Sivens puis sur des contre-manifestations pro-A69, l’émergence de Patria Albiges – ont fleuri dans le Tarn ces dernières années » (...)