
Depuis quelques jours, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) est au cœur des Jeux olympiques (JO). Pendant que des milliers d’athlètes se reposent et se préparent au village olympique, des centaines de milliers de spectateurs et spectatrices affluent vers le Stade de France, le centre aquatique ou l’Arena de la porte de La Chapelle. Face à cet afflux et aux enjeux de sécurité qui en découlent, la ville a récemment inauguré son nouveau commissariat, situé dans le village olympique. À l’intérieur du bâtiment, un centre de supervision urbain retranscrit sur des dizaines d’écrans les images des centaines de caméras qui quadrillent les rues de la
ville.
Mais Saint-Denis veut aller encore plus loin. Au début de l’année, la ville a déboursé 118 000 euros pour acquérir un logiciel de vidéosurveillance algorithmique, édité par la société messine Two-i. Interdits jusqu’à peu, ces algorithmes de surveillance peuvent être expérimentés depuis le 19 mai et la promulgation de la loi « Jeux olympiques ». Jusqu’en mars 2025, lors d’événements sportifs et culturels, les polices nationale et municipales, la gendarmerie mais aussi les services de sécurité de la SNCF et de la RATP pourront coupler ces intelligences artificielles (IA) aux caméras pour détecter huit situations prédéfinies, dont la présence d’objets abandonnés, un mouvement de foule, une densité de personnes trop importante ou le port d’une arme. (...)
Manque de transparence selon l’opposition
Élue d’opposition à la mairie de Saint-Denis, Sophie Rigard a appris l’existence de ce logiciel lors d’une réunion avec le directeur de la police municipale. « Il n’y a eu aucune délibération du conseil municipal. Nous n’avons eu accès à aucune étude d’impact ni contrat », regrette-t-elle. Le 11 juillet, Sophie Rigard a profité d’un conseil municipal pour évoquer l’opacité de la mairie sur le sujet. (...)
Sophie Rigard s’interroge, elle, sur l’impact de ces logiciels controversés sur les libertés individuelles des habitants de Saint-Denis. (...)
Au cours de l’échange avec Sophie Rigard lors du conseil municipal, le maire socialiste de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, s’est voulu rassurant, évoquant une vidéosurveillance « dont l’efficacité ne fait plus débat ». Depuis son élection en 2020, l’édile a fortement développé l’usage des caméras. (...)
Inconnue du grand public à sa création, la société Two-i s’est fait connaître en 2020 pour avoir participé à un test de reconnaissance faciale – une technologie illégale en France – devant le stade du FC Metz. Quelques mois plus tard, le club de football mosellan écopait d’un avertissement de la part de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), le gendarme français des données personnelles.