
Les autorités italiennes prévoient de délivrer près de 500 000 nouveaux visas de travail pour les ressortissants de pays non-membres de l’UE entre 2026 et 2028, a indiqué lundi un communiqué du gouvernement. Entre 2023 et 2025, les autorités avaient déjà souhaité délivrer plus de 450 000 permis de travail aux migrants. Seulement une fraction s’est traduit par des emplois stables en raison de la lourdeur des démarches administratives.
Sur l’ensemble de ces visas, 230 550 seront dédiés au travail salarié non saisonnier et au travail indépendant, et 267 000 au travail saisonnier dans les secteurs agricole et touristique, selon le média italien Skytg24.
C’est la deuxième fois que le gouvernement de Giorgia Meloni prend une décision de ce type depuis son entrée en fonction il y a près de trois ans à la tête d’une coalition de droite. Le gouvernement avait déjà décidé de délivrer plus de 450 000 permis à des ressortissants de pays tiers entre 2023 et 2025.
Politique de lutte contre l’immigration irrégulière
Ces annonces sur l’octroi de visas de travail peuvent surprendre de la part d’un gouvernement qui a adopté une position ferme à l’égard des arrivées irrégulières, en accélérant les rapatriements et en limitant les activités des organisations caritatives qui secourent les migrants en Méditerranée. Mais elles traduisent le besoin urgent de main d’œuvre de l’économie italienne. (...)
"Les quotas ont été déterminés en tenant compte des besoins exprimés par les partenaires sociaux et des demandes effectives de permis de travail présentées au cours des années précédentes, dans le but de mettre en place un programme qui réponde aux besoins des entreprises tout en étant réaliste", précise le communiqué. (...)
Le décret établit par ailleurs que des quotas préférentiels seront réservés "aux travailleurs des États qui, en collaboration avec l’État italien, promeuvent des campagnes médiatiques pour leurs citoyens concernant les risques pour leur sécurité personnelle découlant de la participation aux trafics migratoires", souligne Les Échos.
Le vieillissement de la population italienne et la baisse du taux de natalité soulignent la nécessité d’attirer des travailleurs étrangers dans la troisième économie de la zone euro. En 2024, il y a eu 281 000 décès de plus que de naissances et la population a diminué de 37 000 personnes pour atteindre 58,93 millions d’habitants, poursuivant ainsi une tendance qui dure depuis dix ans.
Selon le think tank Osservatorio Conti Pubblici, l’Italie devrait accueillir au moins 10 millions d’immigrés d’ici à 2050 pour contrer le dépeuplement en cours et maintenir le nombre d’habitants actuel.
"Loterie pour les travailleurs"
Le lobby agricole Coldiretti a salué le projet du gouvernement, estimant qu’il représentait une étape importante pour garantir la disponibilité des travailleurs dans les champs et la production alimentaire du pays. Les milieux économiques et le patronat l’ont également salué.(...)
Mais la mesure et son efficacité reçoivent également des critiques. "Les employeurs attribuent les places en ligne en une seule journée, ce qui les assimile à une loterie pour les travailleurs qui doivent s’y soumettre aussi rapidement", relève le journal Les Échos.
Par ailleurs, "les embauches sont limitées aux secteurs mentionnés dans le décret et les entreprises doivent se conformer à un calendrier rigide pour recruter des personnes dont elles ignorent souvent le profil professionnel", ajoute le quotidien économique qui rappelle également que les délais d’obtention sont loin d’être courts.
"Il s’écoule en moyenne de 12 à 18 mois avant qu’un travailleur puisse effectivement se présenter sur son lieu de travail. Selon une enquête de l’association Ero Straniero, seulement 20 % des quotas d’entrée établis par le gouvernement en 2023 et 12 % en 2024 ont été transformés en permis de séjour et en emplois stables et réguliers", détaille le journal.