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Mediapart
En Suisse, l’islamologue Tariq Ramadan condamné pour viol en appel
#TariqRamadan #viols #agressionssexuelles
Article mis en ligne le 13 septembre 2024
dernière modification le 10 septembre 2024

Acquitté en première instance, le prédicateur de 62 ans est condamné en appel à trois ans de prison, dont un an ferme, pour viol et contrainte sexuelle sur une plaignante suisse. Il peut encore contester cette décision devant le Tribunal fédéral, alors qu’un autre procès l’attend en France.

Dans une décision prise le 28 août et révélée par la RTS mardi 10 septembre, la chambre pénale d’appel et de révision de la Cour de justice genevoise a condamné l’islamologue Tariq Ramadan, 62 ans, à trois ans de prison dont un an ferme pour viol et contrainte sexuelle – l’infraction désignant ici une fellation forcée.

La justice suisse opère ainsi un revirement spectaculaire. Le 24 mai 2023, en première instance, le tribunal correctionnel de Genève avait acquitté Tariq Ramadan au bénéfice du doute, faute d’éléments matériels suffisants, malgré le récit « constant et détaillé » de la plaignante. Ce premier procès s’était déroulé dans une atmosphère très tendue, en présence de nombreux journalistes.

Surnommée « Brigitte » pour préserver son anonymat, la plaignante de 58 ans dénonçait des viols survenus à Genève dans la nuit du 28 au 29 octobre 2008. Convertie à l’islam et admiratrice de Tariq Ramadan, elle l’avait retrouvé dans un lobby d’hôtel après quelques semaines d’échanges virtuels tournant au jeu de séduction, puis l’avait suivi dans sa chambre. Elle a porté plainte dix ans plus tard, décrivant une nuit d’horreur : des rapports sexuels imposés pendant plusieurs heures, accompagnés de coups et d’injures. (...)

À l’issue du procès en appel qui s’est tenu fin mai à Genève, la chambre pénale d’appel et de révision a finalement conclu à la culpabilité de Tariq Ramadan « pour la quasi-totalité des faits dénoncés », a indiqué la Cour de justice dans un communiqué. Les juges ont retenu que « plusieurs témoignages, certificats, notes médicales et avis d’experts privés concordent avec les faits dénoncés par la plaignante ». (...)

« Ses actes apparaissent d’autant plus répréhensibles qu’il se veut homme de bien, de valeurs », ajoute la cour, qui reproche à l’islamologue son attitude. « Il persiste à contester les faits, se retranche derrière des explications visant à discréditer la victime, tout en prenant soin de préserver son image. Il ne présente aucune excuse, n’exprime aucun regret. La prise de conscience fait totalement défaut. » La partie ferme de sa peine est toutefois limitée à un an pour tenir compte de son état de santé, Tariq Ramadan étant atteint d’une sclérose en plaques. (...)

Un procès à venir en France

Tariq Ramadan a encore la possibilité de saisir le Tribunal fédéral, la juridiction suprême en Suisse, dans un délai de trente jours. Il s’agit de sa première condamnation, mais il est aussi mis en cause dans une enquête pour viols en France, où il a passé dix mois en détention provisoire en 2018.

Le 27 juin dernier, la cour d’appel de Paris a ordonné un procès contre lui, devant la cour criminelle, pour le viol de trois femmes : Henda Ayari, qui avait déclenché l’affaire en portant plainte en octobre 2017 pour un viol qui aurait eu lieu en 2012 à Paris ; Christelle*, qui aurait subi un viol aggravé – elle souffrait d’un handicap – en 2009 à Lyon ; et une autre femme qui dénonce des violences remontant à 2016. (...)

Comme Brigitte, ces quatre plaignantes françaises dénonçaient des actes sexuels forcés, d’une grande brutalité, commises par un homme charismatique qui exerçait un ascendant sur elles. Tariq Ramadan a commencé par nier toute relation sexuelle avec la plupart de ces femmes, avant de reconnaître des « relations de domination consenties ».

Les décisions de justice successives, et parfois contradictoires, s’articulent autour de la notion d’emprise et de « contrainte morale », tantôt retenue, tantôt écartée. (...)