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« Être de gauche, c’est être du côté des opprimés » Une interview de Carola Rackete
#UE #CarolaRakete #guerreeUkraine
Article mis en ligne le 19 octobre 2024
dernière modification le 17 octobre 2024

« Être de gauche, c’est être du côté des opprimés partout, que ce soit en Palestine, au Kurdistan ou en Ukraine : raison pour laquelle il faut que l’UE continue à livrer des armes à Kiev et autorise des attaques visant des cibles sur le territoire russe ». C’est ainsi que Carole Rackete, l’ancienne capitaine du Sea Watch, élue sans-parti sur la liste de DIE LINKE au Parlement européen, résume les raisons pour lesquelles elle a voté pour la dernière résolution du Parlement concernant le soutien militaire à l’Ukraine. (...)

Est-ce que vous avez émis ce vote pour bien marquer votre position personnelle dans le groupe parlementaire ?

Notre groupe est traversé par tout un éventail de positions diverses, et je me retrouve dans celle des partis de gauche scandinaves : la Finlande, la Suède et le Danemark. Être de gauche, cela veut dire s’opposer aux dictatures et se solidariser avec les opprimés, que ce soit en Russie, au Vénézuéla ou en Syrie. Il faut se tenir à leurs côtés et les écouter quand ils disent quels sont leurs besoins. C’est ce que j’ai fait avec les Ukrainien-ne-s, avec les mouvements progressistes du pays : c’est eux qui nous disent combien il est important pour eux d’avoir des armes pour se défendre. C’est pour cette raison que j’ai voté pour cette résolution. »

Donc, ceux et celles qui disent que livrer des armes ne fait que souffler sur les braises et remettre les perspectives de paix à un horizon lointain, ceux et celles-là ont tort ?
Sans justice, pas de paix. Si nous arrêtons de livrer des armes, il arrivera un moment où l’Ukraine ne pourra plus se défendre, et elle sera occupée par la Russie. Des millions de gens seront forcés de fuir, et d’autres millions devront vivre sous une dictature. Ceux et celles qui disent qu’il faut déposer les armes pour avoir la paix, ne soucient pas de justice. Moi aussi, je veux la paix, les Ukrainien-ne-s aussi la veulent : ils n’ont pas demandé à être envahis ! Mais nous voulons une paix juste. Et la condition première pour faire la paix, c’est que Poutine retire ses troupes du territoire ukrainien. C’est pour cela que nous devons soutenir l’appel à l’autodéfense qui nous vient de Kiew. (...)

Nous devons autoriser les Ukrainiens à détruire les objectifs militaires d’où sont lancées les attaques. C’est cela l’objet de la résolution, je n’aurais jamais voté pour un texte appelant à bombarder des civils … (...)

Il y a beaucoup de pays et de gens en Europe qui disent soutenir l’Ukraine, mais s’ils le font, c’est en serrant le frein à main. S’il y a accord pour dire qui est dans son droit et qui n’y est pas, c’est la seule attitude possible. J’ai toujours été critique vis-à-vis de l’OTAN, mais dans ce cas précis, la situation est limpide : c’est bien la Russie qui a envahi l’Ukraine, pour la deuxième fois, après avoir aussi attaqué la Géorgie. Poutine ne reconnaît pas la souveraineté de l’Ukraine et veut détruire le pays. Voilà un peuple opprimé, sans aucun doute possible, et c’est notre devoir de l’aider à se défendre. (...)

Est-ce que la guerre déclenchée par la Russie a changé votre point de vue sur le pacifisme ?
Cette guerre n’a pas commencé en 2022, mais en 2014. À cette époque-là, je vivais en Russie et je suis allée plusieurs fois en Ukraine avant 2022. J’ai constaté par moi-même la colère des Ukrainien-ne-s contre l’UE qui ne les soutenait que du bout des lèvres et se désintéressait d’un conflit qui se poursuivait à l’est du pays. J’ai eu le temps d’y réfléchir.

Je continue à critiquer l’OTAN pour les fautes qu’elle a commises, en particulier en Afrique du nord ou dans l’ex-Yougoslavie. Mais être de gauche, c’est être du côté des opprimés, que ce soit en Palestine, au Kurdistan ou en Ukraine. Je suis du côté des gens à Hong Kong et à Taïwan, pour le droit à l’autodétermination et pour la démocratie. La question n’est pas est ou ouest, Russie ou OTAN. La question, c’est l’impérialisme. On doit aider les faibles à se défendre contre les abus perpétrés par les forts, et la Russie est plus forte que l’Ukraine, c’est évident.

Est-ce que les menaces nucléaires de Poutine ne vous font pas peur ?
Je pense que c’est du bluff. Nous oublions souvent que les seuls à avoir jamais largué une bombe atomique, ce sont les USA, la Russie ne l’a jamais fait.

Est-ce qu’à votre avis, l’UE n’est pas assez active dans le soutien à Kiev ?
Les sanctions qui ont été décidées sont décevantes, elles sont insuffisantes et ridicules. (...)

La société civile aussi devrait faire davantage pour mieux comprendre la situation et les difficultés économiques des Ukrainien-ne-s. Il y a beaucoup de spéculation capitaliste sur la reconstruction de l’Ukraine. (...)