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Reporterre
Expédition Tara : « Nous sommes en train de découvrir la biologie planétaire »
#TaraOceans #biodiversite
Article mis en ligne le 26 octobre 2024
dernière modification le 23 octobre 2024

Les milliers d’échantillons récoltés par la goélette Tara au large de l’Europe sont une manne pour étudier les micro-organismes. Colomban de Vargas, directeur scientifique de l’expédition, décrit ce « monde invisible passionnant ».

Après dix-huit mois d’expédition scientifique, la goélette Tara a rejoint son port d’attache à Lorient le 5 octobre. Le navire de la fondation Tara Océan était une pièce maîtresse du projet Trec (Traversing European Coastlines), qui visait à récolter une vaste quantité d’échantillons dans les écosystèmes côtiers de toute l’Europe, sur terre et en mer, de la Finlande à la Grèce en passant par les côtes portugaises. Les quelque 70 000 échantillons collectés doivent permettre de mieux comprendre ces écosystèmes extrêmement riches et complexes, et leur adaptation aux perturbations et pollutions humaines.

Colomban de Vargas, directeur scientifique de cette expédition Tara et directeur de recherche CNRS/Sorbonne Université tire pour Reporterre un premier bilan de ce travail titanesque, impliquant des centaines de chercheurs et 90 institutions scientifiques. Il souligne à quel point les micro-organismes constituent un monde à part entière, aussi essentiel que méconnu, dont la découverte progressive par la science pourrait changer radicalement notre vision de l’écologie. (...)

En passant par la Suède, l’Irlande, l’Atlantique, la Méditerranée, sur 24 000 kilomètres en mer, on a exploré toutes les côtes européennes et eu accès à une grande variété de milieux fondamentaux, qui balayent des climats très différents. La quantité de données récoltées est exceptionnelle, c’est fabuleux d’avoir un tel panel d’échantillons homogènes.

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Un corps humain contient dix fois plus de gènes bactériens que de gènes humains.

La primauté des micro-organismes est une réalité aussi à l’échelle de la planète : durant environ 80 % de son histoire, le système Terre n’a été peuplé que d’organismes invisibles. Ils ont façonné tous les grands cycles biogéochimiques de l’écologie terrestre

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Des espèces ayant évolué séparément pendant des millions d’années peuvent se rassembler soudainement. Cela donne lieu à des capacités d’adaptation et des évolutions par grands pas, loin de l’évolution darwinienne classique !

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Plutôt que de se focaliser sur l’étude d’une espèce donnée, l’étude des relations entre espèces prend une place de plus en plus importante.

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Notre conscience collective des enjeux souffre encore d’un fort biais de perception. La plupart des grandes institutions scientifiques et politiques qui travaillent sur la biodiversité se concentrent sur les animaux et les plantes. C’est aussi pourquoi nous avons récemment lancé un Manifeste pour le plancton, pour mieux intégrer ces micro-organismes dans les négociations internationales.

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En l’état actuel des connaissances, les micro-organismes semblent avoir des capacités d’adaptations supérieures à celles des macro-organismes : ils constituent une sorte d’assurance-vie, de sécurité pour le vivant.

Mais, comme tout système vivant, les interactomes invisibles ont aussi des points de bascule irréversibles.

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