
Réunis à la Bourse du travail, à Paris, les représentants de la CGT, de la CFDT et de l’Unsa ont animé une demi-journée de réflexion sur la lutte contre l’extrême droite. À trois ans de la présidentielle, ils entendent réaffirmer le rôle central des syndicats, aux côtés d’alliés italiens et allemands.
« L’extrême droite se coordonne au niveau européen, alors nous aussi », prévient Sophie Binet. Mardi 16 janvier, à la Bourse du travail de Paris, la secrétaire générale de la CGT participe à une matinée de débats coorganisée avec la CFDT et l’Unsa. L’objectif : engager un travail unitaire sur la réponse syndicale à apporter face à la montée des extrêmes droites européennes. Des leaders syndicaux allemands et italiens ont été invités à contribuer à la réflexion. « Il faut démasquer l’imposture sociale du RN, poursuit Sophie Binet. C’est l’enjeu de ces discussions. Il faut montrer aux travailleurs et aux travailleuses ce que l’extrême droite porte quand elle est au pouvoir. »
Au cours de deux tables rondes, les responsables de centrales se succèdent pour annoncer leur opposition ferme aux idées d’extrême droite, alors même que le Rassemblement national (RN) continue de séduire de plus en plus d’actifs et actives. (...)
« Nos centrales ont clairement affiché leur opposition avec l’extrême droite : on ne débat pas avec elle, on la combat », poursuit Marylise Léon, de la CFDT, avant de s’inquiéter de la disparition progressive du débat politique dans l’enceinte de l’entreprise. « C’est de plus en plus difficile aujourd’hui d’avoir des discussions politiques au sein de la sphère du travail, regrette-t-elle. Il faut démasquer ce qu’est l’extrême droite, expliquer ce que c’est aux travailleurs, leur montrer que voter pour l’extrême droite, c’est voter contre ses propres droits. Il faut pointer concrètement les idées qu’ils portent, leurs votes. Les syndicats sont encore une digue, il faut qu’on tienne. »
À ses côtés, Yasmin Fahimi, présidente de la Confédération allemande des syndicats (DGB), insiste sur la nécessité de « rappeler que la vision de l’extrême droite, qui tente de transformer les conflits de la société en conflit contre les étrangers, n’est évidemment pas la bonne manière de faire ». (...)
Réaffirmer le rôle central des syndicats
Maurizio Landini, secrétaire général de la Confédération générale italienne du travail (CGIL) – l’un des principaux syndicats italiens –, est quant à lui venu témoigner de l’offensive engagée par Giorgia Meloni contre les travailleurs, les travailleuses et les organisations représentatives depuis son arrivée au pouvoir dans la péninsule. « Nous sommes face à un gouvernement qui ne reconnaît pas le rôle des organisations syndicales, indique-t-il. Il n’y a pas de discussion, ce gouvernement commande au lieu de gouverner. Il n’y a pas de dialogue social : le gouvernement te convoque et il décide. »
Auteur d’une note sur « les syndicats et le populisme de droite en Europe », Hans-Jürgen Bieling, professeur d’économie politique, est venu rappeler le danger que représente la volonté des extrêmes droites de dépolitiser les combats syndicaux. (...)
Face à ces tentatives de dépolitisation, les orateurs et oratrices s’accordent sur l’impératif de porter un projet de transformation de la société. (...)
Sophie Binet abonde : « On ne gagnera pas la bataille par des discours moralisateurs, il faut qu’on porte des alternatives fortes. L’extrême droite prospère aussi sur le fait que la majorité des forces politiques ont renoncé à affronter les forces du marché. Nous devons aider à la mise en place d’alternatives progressistes. » (...)