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Mediapart
Front populaire : Blum contre Macron
#frontPopulaire #Macron
Article mis en ligne le 17 juin 2024

Plutôt le Rassemblement national que le Front populaire : telle est la musique sous-jacente de l’attaque calomnieuse d’Emmanuel Macron et de ses soutiens contre l’union des gauches et des écologistes, une union qualifiée d’indécente et accusée d’antisémitisme.

« On saurait difficilement exagérer l’émoi que, dans les rangs des classes aisées, même parmi les hommes en apparence les plus libres d’esprit, provoqua, en 1936, l’avènement du Front populaire. » Relues aujourd’hui, alors qu’un nouveau Front populaire s’est formé pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, ces lignes du grand historien et futur martyr de la Résistance Marc Bloch évoquent irrésistiblement la violence de la contre-attaque du camp présidentiel qui lui réserve tous ses coups, y compris les plus bas, tandis qu’il ménage l’extrême droite et relativise son péril.

Marc Bloch les a écrites durant l’été 1940 dans L’Étrange défaite, alors que débute la collaboration pétainiste avec l’occupant nazi, cette « France de Vichy » suivie alors par la majorité des élites économiques et politiques du pays. Publiée en 1946, deux ans après la mort de son auteur, résistant clandestin à Lyon, arrêté, torturé, puis fusillé le 16 juin 1944, cette œuvre posthume est l’examen de conscience, douloureux et lucide, d’un Français patriote face à ce que fut cet abaissement national.

Son auteur est un républicain aussi entêté que modéré, à tel point qu’il n’y ménage guère les gouvernants du Front populaire, qui, dit-il, « tombèrent sans gloire ». Ce qu’il écrit sur la peur panique des classes dominantes et des élites dirigeantes face au Front populaire, qui porta Léon Blum à la présidence du conseil, n’en a que plus de force. « Anxieuse, mécontente, aigrie », cette bourgeoisie avait « cessé d’être heureuse », assène Marc Bloch, qui souligne son mépris pour « l’électeur du commun » et, surtout, son arrogance sociale. (...)

Ce rappel d’une histoire sensible, vive comme un souvenir à l’instant du péril – il n’y a d’histoire qu’au présent, aimait dire Marc Bloch –, souligne, par contraste, la vilenie de la charge macroniste, depuis cette chaotique dissolution présidentielle, pour tenter de disqualifier l’union miraculeuse des gauches sociales et écologistes. (...)