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Orient XXI
Gaza. Ceux qui ont épaulé le génocide
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #genocide
Article mis en ligne le 9 juin 2025
dernière modification le 8 juin 2025

Dans son dernier ouvrage, Pascal Boniface, fondateur et directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), démontre combien l’impuissance du droit international à arrêter la guerre contre Gaza tient à la complicité des pays et des politiques occidentaux et à la complaisance des médias mainstream, notamment en France.

Premier rappel salutaire dans le livre de Pascal Boniface, Permis de tuer, le fait que tout n’a pas commencé le 7 octobre 2023. Depuis 1967, « la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est est illégale. L’annexion de Jérusalem-Est est illégale. Le blocus de Gaza est illégal ». La guerre à Gaza est le dernier exemple en date de cette violation par Israël du droit international au prétexte récurrent que son existence est en jeu.

Même si la décision de la chambre préliminaire de la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer un mandat d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou et Yoav Gallant, son ex-ministre de la Défense, a pu donner l’impression que la justice internationale s’emparait du dossier, depuis rien n’a changé. Les crimes de guerre comme les crimes contre l’humanité se sont poursuivis et intensifiés ; un génocide est en cours.

Cette incapacité à agir efficacement pour mettre un terme aux massacres se reflète à l’ONU où, avertit Boniface, « les choses sont simples. Dans la grande majorité des cas, les résolutions obligatoires qui exigent quelque chose d’Israël sont bloquées par un veto des États-Unis. »

« Amnesty International, Human Rights Watch… Quand l’humanitaire fait le jeu du Hamas »

Aux côtés des juridictions internationales, des ONG humanitaires se sont employées à dénoncer « un piège mortel » pour les Palestiniens1. Un constat qui, très rapidement, après le déclenchement de la guerre par Israël, est devenu une évidence dès lors que les morts et blessés se sont accumulés et que, progressivement, la famine s’est installée. Une réalité que les médias ont mis des mois à accepter, et encore de manière timide et sans jamais remettre en cause le récit qu’ils avaient propagé depuis le 7 octobre 2023. Mais il y a encore Franc-Tireur qui, dans son édition du 24 janvier 2024, a débusqué les vrais coupables : « ONG au service du pire : Amnesty International, Human Rights Watch… Quand l’humanitaire fait le jeu du Hamas. » (...)

Cette partialité dans la prise en compte de la « destruction directe de la population palestinienne » (Amnesty International) s’examine au trébuchet de ce que pèse la guerre russo-ukrainienne dans les discours de la plupart des politiciens et des médias où l’agresseur est, à juste titre, vilipendé. A contrario, les massacres perpétrés par l’armée israélienne sont le plus souvent minorés ou justifiés en recourant à l’argument qui voudrait que dans chaque hôpital rasé, dans chaque école bombardée, dans chaque maison détruite, se sont réfugiés des « terroristes » du Hamas. (...)

Cette approche du conflit repose sur ce que Pascal Boniface appelle « un biais médiatique occidentaliste ». Il est illustré par le positionnement d’Israël, membre revendiqué de l’Occident depuis sa fondation en 1948, choix confirmé par les assertions sans ambiguïté de son actuel premier ministre : « Nous faisons partie de la culture européenne… L’Europe se termine en Israël2 », ou bien encore, en décembre 2024, lors de ses vœux aux communautés chrétiennes en Israël : « Israël mène le monde dans le combat contre les forces du mal et de la tyrannie… ».

Un occidentalo-centrisme guerrier

Une phraséologie qui, en Occident, nourrit inévitablement l’islamophobie et le fameux « concept » d’islamo-gauchisme. Une façon, nous dit Pascal Boniface, d’assimiler l’islam à une menace terroriste, interdisant de critiquer Israël « comme un pays qui occupe une terre qui n’est pas la sienne et réprime dans le sang un peuple qui ne veut pas se soumettre, mais devient la pointe avancée de la guerre contre le terrorisme ». (...)

Un occidentalo-centrisme guerrier qui s’accompagne de l’inévitable rappel à l’Holocauste convoqué pour culpabiliser les opposants au conflit et clore toute discussion sur les agissements meurtriers d’Israël.

Pascal Boniface cite un expert de cette rhétorique en la personne d’Alain Finkielkraut, qui, le 24 octobre 2024, dans l’émission Le Club Idée du FigaroTV, lance :

Quoi qu’on pense de la riposte israélienne, le mot génocide est fou, ignoble. Il permet de nazifier les Juifs, de leur faire perdre leur crédit victimaire et ainsi de les faire basculer dans le camp des bourreaux.

Pas sûr que les 6 millions de juifs assassinés lors de la Seconde guerre mondiale envisageaient leur martyre sous forme de « crédit victimaire » dont pourrait se réclamer Israël. (...)

Un occidentalo-centrisme guerrier qui s’accompagne de l’inévitable rappel à l’Holocauste convoqué pour culpabiliser les opposants au conflit et clore toute discussion sur les agissements meurtriers d’Israël.

Pascal Boniface cite un expert de cette rhétorique en la personne d’Alain Finkielkraut, qui, le 24 octobre 2024, dans l’émission Le Club Idée du FigaroTV, lance :

Quoi qu’on pense de la riposte israélienne, le mot génocide est fou, ignoble. Il permet de nazifier les Juifs, de leur faire perdre leur crédit victimaire et ainsi de les faire basculer dans le camp des bourreaux.

Pas sûr que les 6 millions de juifs assassinés lors de la Seconde guerre mondiale envisageaient leur martyre sous forme de « crédit victimaire » dont pourrait se réclamer Israël. (...)