
Manipuler volontairement l’environnement à grande échelle pour modifier le climat et/ou limiter la fonte des glaces : la géoingénierie polaire attise les convoitises des États et industriels qui rêvent qu’une technologie miracle les dispense de faire l’effort de réduire leurs émissions de carbone. De tels projets sont en réalité écologiquement dangereux, irréalistes politiquement, hors de prix et risquent de nous faire perdre un temps précieux. C’est le tacle qu’a envoyé une équipe de plus de 40 scientifiques dans une étude publiée le 9 septembre par la revue Frontiers in Science.
Les chercheurs ont évalué cinq concepts de géoingénierie polaire, comptant parmi les plus étudiés par la science : la modification du rayonnement solaire via l’injection de particules réfléchissantes dans l’atmosphère ; l’installation de rideaux géants pour dévier les courants chauds qui menacent de faire fondre les calottes glaciaires ; rendre la glace plus réfléchissante en répandant massivement des particules à sa surface ; la réalisation de forages dans les calottes pour évacuer l’eau de fonte et ralentir l’écoulement des glaciers ; la fertilisation artificielle de l’océan pour qu’il absorbe plus de CO2.
Aucune de ces idées démiurgiques n’est crédible, ni désirable, assènent les scientifiques. Ils rappellent que notre compréhension des environnements polaires, très complexes, reste trop lacunaire pour que l’on ne risque pas d’entraîner des effets secondaires imprévus en perturbant volontairement les calottes glaciaires. Chacun de ces projets coûterait, en outre, des milliards d’euros, qu’il serait bien plus efficace d’utiliser pour lutter contre le changement climatique et accélérer la décarbonation de l’économie, soulignent les auteurs.
De nombreuses autres limites sont listées par les scientifiques (...)